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Portrait d’un Sénéf : Yérim Sylla, le pro du Handball

À 46 ans, ce Franco-Sénégalais dirige l’équipe professionnelle de Cesson-Rennes, en division 1 de handball, après une honnête carrière de joueur durant laquelle il a vaincu la maladie.

Dans son genre, Yérim Sylla est un petit veinard. Le monde du sport professionnel est aussi le paradis des lendemains incertains, mais l’entraîneur de Cesson-Rennes, avec son contrat à durée indéterminée (CDI), est un cas d’école.

« Oui, je suis un peu privilégié, dit-il. Cela m’assure une certaine tranquillité, même si, dans ce milieu, tout est relatif. Disposer d’un CDI permet de travailler sur la durée plus que dans l’urgence. Reste que l’on ne dure que si l’on a des résultats. »

Ses origines sénégalaises par son père – sa mère est française – font aussi de lui une exception dans le paysage sportif français.

« Je suis le seul technicien d’origine africaine à exercer en France à ce niveau, mais je n’ai pas l’impression d’être plus observé que les autres. Ce sont les compétences qui importent, pas la couleur de la peau. »

Enfant rêveur, adulte actif

Sylla, qui est à la fois entraîneur de handball d’une équipe française de classe moyenne et sélectionneur national en Belgique depuis 2011, a appris à s’adapter à un agenda chargé. L’enfant rêveur et le joueur « pas très mature » ont donné naissance à un adulte structuré et actif.

« Je répondais parfois par la violence. Pour me canaliser, mon père m’a orienté vers les arts martiaux. Mes parents ont quitté le Sénégal avant que je naisse en 1969, à Villemomble, mon père est parti s’installer en Italie puis en Suisse. Ils se sont séparés quand j’étais très jeune. Avec ma mère, mes frères et sœurs, nous avons vécu quelques années à Dakar, avant de revenir en 1975 à Millau [Midi-Pyrénées], puis à Monthey [Suisse]. »

C’est à Évian, sur l’autre rive du Léman, que tout a vraiment démarré pour le turbulent gamin, dans une région surtout tournée vers le football.

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« J’y ai joué, ça me plaisait, mais j’ai vite préféré le hand. J’ai eu une croissance tardive, mais à 17 ans, je culminais à 1,92 m. »

 

Le choix du handball

Cet arrière droit grand et sec, qui évolue à Évian Sports Handball puis à Thonon-Évian HB, franchit un palier à Villeurbanne, en Nationale 1B.

« À cette époque, je faisais un BTS en informatique. On m’a proposé 3 000 francs par mois et un contrat professionnel. »

Un peu plus tard, alors qu’il effectue son service national à Joinville, Sylla porte le maillot de l’équipe de France militaire lors de la coupe du monde de la catégorie.

Cette année, 1994, est aussi celle où les médecins lui diagnostiquent un cancer du testicule gauche, alors qu’il s’est engagé avec Dunkerque. Entre deux séances de chimiothérapie, il continue malgré tout à jouer avec le club nordiste, qui le soutient dans son combat.

« Le plus angoissant, ce sont les cinq années qui suivent, quand une rechute est toujours possible. »

À Dunkerque, il restera sept ans (1994-2001), avant d’enchaîner avec Pontault-Combault (2001-2004), Livry-Gargan (2004-2005) et Lille (2005-2006). Le Franco-Sénégalais, qui dispute avec son pays d’origine la CAN 2004 en Égypte, se construit une réputation de bon joueur de division 1. Anticipant l’avenir, il passe ses diplômes d’entraîneur avec Frédéric Aubert, un préparateur physique réputé.

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De joueur à entraîneur

Sa carrière de joueur achevée, Sylla retourne à Dunkerque en tant qu’adjoint de Denis Tristant, dont il prend la place à l’automne 2006, quand celui-ci est démis de ses fonctions après seulement quatre matchs. Sylla s’installe, lui, sur le banc nordiste pour cinq ans. Il y obtient une coupe de France en 2011 et atteint trois fois les quarts de finale de la Coupe d’Europe EHF (2007, 2008, 2009).

« Fin 2010, Nicolas Bernard, le président emblématique du club, s’est éteint. C’était une personne dont j’étais très proche », se souvient Sylla, ému par le souvenir de ce dirigeant « passionné et intègre ».

Avec la nouvelle direction, les rapports changent. En 2012, Sylla quitte Dunkerque, où le poste de manager général qu’il occupe depuis la reprise ne le satisfait guère. « Je ne suis pas allé bien loin : en Belgique, pour m’occuper de la sélection de ce pays. »

L’hyperactif, qui a également créé avec son ami islandais Ragnar Óskarsson (le préparateur physique de Cesson-Rennes) Ósin Coaching, une société d’expertise en préparation physique, vient d’inventer un appareil de musculation qu’il s’apprête à commercialiser. Et il ne s’interdit pas de monter un projet au Sénégal, où il retourne quand son planning le lui permet.

« Cela arrivera peut-être un jour. Comme pour mon père, chirurgien-pédiatre, qui y a fondé Sylla Caap, une association qui intervient auprès des populations depuis plus de trente ans dans les domaines de l’écologie, de la santé et de l’éducation… »

 

Jeune Afrique

 

 

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