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« T’es belle pour une noire ! »

Peu représentées dans les médias et autres domaines, les femmes noires se voient encore affligées des réflexions racistes. Victimes des canons de beauté qui les laisse en retrait, cela les empêche de s’établir comme « nouveau modèle de beauté » en France.

Que ce soit dans le cinéma français, dans le monde de la mode et de ses figures phares, dans les magazines féminins, les noires ne sont encore que très peu représentées. Bondy Blog a rencontré trois jeunes femmes, noires, qui ont décidé de pointer du doigt, les différents problèmes en France de cette communauté et donnent leur opinion.

Fatoumata a 21 ans, elle est d’origine ivoirienne. Étudiante en économie et récemment sortie d’une prépa ENS (économie et gestion), où elle a vécu de l’intérieur le racisme ambiant au sein des filières d’excellence. Pour cette étudiante, la beauté noire existe peu en France :

« La femme noire est caricaturée dans l’esprit de masse comme une femme forte avec des rondeurs, des traits épais et peu de grâce, contrairement à la femme blanche mince, traits fins et élégante. La beauté noire reste toujours très communautaire, des magazines pour noires telles que Amina ou BlackBeauty, des concours de beauté tels que Miss Côte d’Ivoire France ou Miss Afro-Ethnic ou des boutiques de maquillage pour peau noire telle que BlackUp. Certains diront “c’est déjà beaucoup” moi, je pense que les efforts sont fait dans le mauvais sens. La beauté noire ne doit pas être un sous-compartiment de beauté, mais une beauté à part entière avec toutes ses formes. Ouvrir un magazine Elle et trouver de belles femmes noires, aller dans n’importe quelle enseigne de cosmétiques et y trouver un panel de produits de beauté adapté aux noires, voilà ce que j’appelle une place ! On voit cependant du changement du côté des femmes noires, qui affirment leurs beautés et sont de moins en moins attachées aux stéréotypes de la beauté occidentale. »

En effet, la femme noire a toujours été opposée à la femme blanche, elle a toujours été considérée comme son contraire et sa beauté en a été de même. En France, dans le paysage médiatique, les femmes noires sont peu présentes. Pourtant, nombre d’entre elles sont aujourd’hui dans des écoles de journalisme et autres grandes écoles…

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Des stéréotypes et des clichés dans les médias

Laure Wanani a 21 ans, elle est d’origine congolaise c’est une athlète montante du C.A (Club Athlétique) de Montreuil (Seine-Saint-Denis). Pour elle, le statut de la femme noire n’a toujours pas évolué. La sportive s’inquiète également de l’image véhiculée dans les médias :

« nous sommes rarement représentées comme de belles femmes intelligentes. On est souvent caricaturée dans les médias qui montrent une image négative de nous. La beauté de la femme noire n’est pas assez représentée que ce soit au cinéma, ou dans les publicités. On entend souvent : “Je n’aime pas les noires, car elles ne sont pas naturelles”, “elles ne réussissent pas dans la vie” ou encore “je n’aime pas sortir avec les femmes de couleur” et cela parfois sans raison. De plus, dans la société où l’on vit aujourd’hui, on préfère passer des films au cinéma en montrant la femme noire comme fille de cité ou mal représentée que de passer des films comme “Think Like a Man” qui montrent que l’on peut et que l’on réussit dans la vie. C’est pour cela qu’en tant que femme noire, je ne cesserai de prouver le contraire et je pense que de plus en plus de femmes ont compris ces choses-là et prendront les choses en main, pour éviter toutes critiques à notre encontre. »

D’une part les femmes noires sont victimes de racisme conscient dans la société, ce qui les empêche inconsciemment de rêver et de s’établir comme elles le voudraient. Lorsqu’elles voient qu’il n’y a pas ou peu de place pour elles, elles ne s’y aventurent pas. Mais aussi un racisme inconscient, celui des personnes qui les rejettent, dédaignent leur beauté sans raison valable.

« La beauté noire est quelque chose de subjectif »

La beauté n’a pas de couleur, elle n’a pas de caractéristiques spécifiques. Cette idée, cette pensée que la femme noire n’est pas suffisamment belle s’est profondément ancrée au sein même de la communauté noire de France. Prenons par exemple le concours Miss France, outre le fait que les femmes noires ne sont que très rarement élues Miss France. Elles ne sont que très peu à arriver parmi les finalistes, une chose très inquiétante est à remarquer puisque les Miss issues de départements d’outre-mer tels que la Guadeloupe, la Martinique, la Guyane sont « de moins en moins noires ». Les miss sont davantage blanches ou métisses que noires sans doute pour tenter d’avoir plus de chance d’être sacré Miss France. C’est finalement essayer de camoufler ce problème plutôt que de l’affronter en créant des concours Miss black France, mais aussi en essayant de rentrer dans les canons de beauté à travers le métissage pour être plus conforme.

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Anne Dugny a 22 ans. Cette jeune femme au caractère bien trempé est une fervente défenseuse de la cause noire.

« La femme noire n’a pas besoin de statut légal pour savoir si elle dispose d’une beauté ou non. Elle est de nature très coquette, élégante, présente quand il le faut. Une caractéristique présente chez toute femme. Elle doit se lever et lutter lorsqu’il est nécessaire et ne pas se fondre dans les caractéristiques occidentales. Chaque pays ainsi que les individus disposent de ces propres critères de beauté variables dans le temps selon les mœurs et les coutumes. La beauté noire est donc quelque chose de subjectif. »

Les femmes noires n’ont pas à se conformer ou à se mettre en marge. Elles doivent se créer une place, combattre les stéréotypes et les déconstruire. La France a pour cela beaucoup à apprendre des États-Unis lorsque l’on voit des figures telles que Lupita Nyon’o, Kerry Washington, Gabrielle Union, qui sont des femmes reconnues au sein de leur pays non pas comme de belles femmes noires, mais tout simplement comme de belles femmes américaines.

 

Gwladys Aurivel (Bondy Blog)

 

 

 

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