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Ce que dit le Coran #2 : la polygamie

Polygamie en Islam

Le livre sacré de l’islam limite la polygamie, autorisée d’abord pour protéger la veuve et l’orphelin.

La polygamie est l’un des arguments massues utilisés par les djihadistes pour recruter des troupes. Ah, s’offrir les câlins de quatre femmes (voire plus, si l’on compte les concubines), quel fantasme, surtout chez les Occidentaux pour qui islam rime encore souvent avec harem.

Pour certains radicaux, elle est un droit divin, y compris sous la forme non reconnue, en islam sunnite, du « mariage temporaire » : on épouse pour une nuit, un mois, etc. Divin ? Oui, car c’est « écrit dans le Coran ». Mais que dit vraiment le livre sacré de l’islam, et dans quel contexte ?

Dans une culture bédouine où la polygamie est couramment pratiquée, le Coran en prend acte dans la sourate 4, verset 3. Mais il limite le nombre de femmes à 4 épouses et surtout impose au mari de les traiter de manière égale :

« Si vous craignez d’être injustes envers les orphelins ou à l’égard de vos épouses, n’épousez que deux, trois ou quatre femmes parmi celles qui vous plaisent. Si vous craignez encore de n’être pas équitable, n’en prenez qu’une seule ou l’une de vos esclaves. Ce sera plus juste pour pouvoir subvenir à leurs besoins. » (4;3).

Ce verset serait « descendu » après la bataille d’Ubud, qui avait entraîné de fortes pertes chez les musulmans. Les survivants auraient alors épousé les veuves et pris en charge les orphelins, la polygamie étant alors une espèce d’assistance sociale.

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Une pratique limitée

D’après les témoignages sur sa vie (hadiths), le Prophète lui-même eut une dizaine de femmes. Seule Aïcha, épousée, selon la Tradition était vierge lors des épousailles. Les autres étaient veuves ou divorcées, et pour la plupart, ces mariages étaient pour lui un moyen de contracter des alliances.

Ce verset coranique aura cependant des conséquences néfastes pour les femmes en confortant l’inégalité entre les époux. Dans les faits, toutefois, la pratique de la polygamie en islam sera limitée, ne concernant que 5 % à 10 % des communautés, généralement dans les milieux très aisés et citadins, ou religieusement conservateurs. Les femmes d’un milieu social élevé pouvaient parfois exiger par contrat d’être libérées du lien conjugal si leurs époux souhaitaient une coépouse, ce qui équivalait à garantir un régime monogame.

Quant aux harems, s’ils ont bel et bien existé, ils étaient surtout peuplés de concubines et d’esclaves, sans compter les domestiques ; le chiffre maximal de quatre épouses officielles y était en général formellement respecté. Les sultans ottomans, notamment, pouvaient n’avoir aucune épouse en titre. Toute esclave devenant mère devait être affranchie.

Plus protecteur que la monogamie occidentale ?

Partant du principe probablement que les hommes sont, par nature, infidèles, l’islamologue Marshall Hodgson (1922-1968) a défendu l’idée que l’islam protège, grâce à la polygamie, toutes les femmes épousées ou mères de la même manière, et en accorde les mêmes droits aux enfants, alors que la société occidentale chrétienne a tendance à ne protéger que l’unique femme légitime et ses enfants, les autres étant souvent exclus des droits sociaux et de la succession.

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Abolie en Turquie dès le début du XXe siècle, en Tunisie après l’indépendance, rendue plus difficile dans des pays comme l’Égypte où la femme peut imposer par contrat la monogamie, la polygamie continue d’être pratiquée dans de nombreux pays du Proche-Orient et d’Afrique subsaharienne.

Daesh and co n’innovent donc pas. Ce qui est étonnant, toutefois, c’est que des jeunes occidentales puissent aujourd’hui se soumettre à cette pratique, voire la défendre…

 

Source : Le Point

 

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