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Ce que dit le Coran #1 : les vraies obligations du musulman

Qu’impose vraiment l’islam au croyant ? Cinq obligations rituelles, en tout et pour tout. Le reste est à la discrétion du croyant. Par ordre d’importance : la profession de foi, les cinq prières quotidiennes, la charité, le jeûne du ramadan et le pèlerinage à la Mecque. Examen à l’occasion de la sortie de Penser en islam, hier et aujourd’hui, le nouvel opus du Point Références, consacré aux textes fondamentaux.

Le culte musulman est d’une grande simplicité et impose peu au croyant. Un hadith, c’est-à-dire un texte témoin des paroles et des agissements de Mahomet, rapporte ainsi l’anecdote suivante :

« Un jour, un habitant du Nejd vint trouver l’Envoyé de Dieu. […] Il se mit alors à l’interroger sur l’islam. Le Prophète répondit qu’il consistait en cinq prières jour et nuit.

– Rien de plus ?

– Non, répondit le Prophète. Le reste est à ta discrétion. En outre, le jeûne du ramadan.

– Rien de plus ?

– Non, répondit le Prophète. Le reste est à ta discrétion. En outre, le Prophète mentionna la zakât [l’aumône, NDLR].

– Rien de plus ?

– Non, répondit le Prophète. Le reste est à ta discrétion.

Sur ce, l’homme s’éloigna, disant : “Par Dieu, je n’y ajouterai ni n’en retrancherai rien.” Le Prophète commenta : “Il sera sauvé, s’il s’en tient à ce qu’il dit.” (source : Mouslim, La Somme authentique, section sur la foi, hadith n° 7).

Plus exigeante que le Prophète du hadith, La Tradition – le Coran plus l’ensemble des textes attribués à Mahomet et les commentaires des experts en sciences religieuses – a fixé la liste des pratiques et dévotions obligatoires à cinq : les “cinq piliers”, qui sont par ordre d’importance :

– La “chahada” : la déclaration de foi que l’on prononce notamment quand on se convertit à l’islam : La Ilaha illa-lah (Il n’y a de Dieu qu’Allah)Mohammed Rasul Al-Lah (Mohammed est le Messager d’Allah).

– Les cinq prières : “Récite ce qui t’est révélé du Livre et accomplis la prière”, dit le Coran (Sourate 29). D’après un hadith rapporté par Mouslim, ce serait lors du voyage nocturne de Mahomet qu’Allah aurait imposé les cinq prières quotidiennes qui constituent l’essentiel de la “liturgie musulmane » et impliquent pour le fidèle de préserver une pureté rituelle : « Lorsque vous vous levez pour la prière, lavez vos visages et vos mains jusqu’aux coudes ; passez les mains mouillées sur vos têtes et lavez-vous les pieds jusqu’aux chevilles (Sourate 6, 7). Les prières sont orientées vers la Mecque et se composent d’un enchaînement de postures reliées entre elles par la récitation de passages coraniques : inclinaison, prosternation, retour à la station debout, assise sur les talons… Prescrite par le Coran dans la sourate 62, la prière du vendredi est le temps fort de la semaine musulmane : « Ô, vous qui avez cru ! Quand on appelle à la prière du vendredi, accourez à l’invocation d’Allah et laissez tout négoce. » Une soixantaine de hadiths au moins en rappelle l’importance. Les contraintes de la vie moderne – surtout en pays non musulman – autorisent des aménagements permettant aux fidèles de regrouper leurs prières au moment le plus favorable pour eux.

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– L’aumône ou zakât : le Coran dit « Prélève une aumône sur leurs biens pour les purifier et les relever de leurs péchés. Prie pour eux : tes prières les apaiseront, car Dieu entend et sait tout » (Sourate 9, 3). Obligatoire pour le musulman adulte qui en a les moyens financiers, la zakât est le « droit divin » octroyé par Dieu à ceux qui n’ont rien sur les biens des autres. Évoquée plus de 70 fois par le Coran, elle est inséparable de la prière. Ce n’est cependant pas le Coran, mais le droit et l’usage qui vont établir la différence entre la zakât, obligatoire, et la sadâqa, aumône « courante », libre et personnelle, mais recommandée. La zakât se donne normalement une fois l’an, le matin de l’Aïd-el-Fitr, à la fin du jeûne du ramadan.

– Le jeûne : le Coran dit« Ô croyants ! Le jeûne vous est prescrit comme on l’a prescrit à ceux d’avant vous – craignez le Seigneur ! Il est limité à un nombre déterminé de jours. Celui d’entre vous qui est malade ou en voyage devra jeûner ensuite un nombre égal d’autres jours ; et ceux qui pourraient le supporter, mais qui s’en dispensent assureront en compensation la nourriture d’un pauvre. Quiconque en fera davantage en sera récompensé : jeûner est un bien pour vous, peut-être le comprendrez-vous ! Le Coran a été révélé pendant le mois de ramadan pour servir de direction aux hommes : une manifestation claire de la Direction et de la Loi. Quiconque d’entre vous apercevra cette nouvelle lune jeûnera ce mois entier ! » (Sourate de la vache 2, 183-187).

Le jeûne (siyam) se pratique une fois par an pendant le mois de ramadan (« Grande Chaleur » en arabe), le 9e du calendrier lunaire musulman, le plus sacré de l’année islamique. C’est un retour à Dieu manifesté par un jeûne strict du lever au coucher du soleil, ainsi qu’un temps fort de la vie de la communauté des croyants, rassemblée dans l’effort et les réjouissances. Le jeûne se termine par la « Fête de rupture du jeûne » (Aïd-el-Fitr) ou « Petite Fête » (Aïd-as-Saghir), jour par excellence de l’aumône (zakât), du pardon et de la réconciliation.

– Le pèlerinage à la Mecque (Hajj) : « Accomplissez pour Allah le grand et le petit pèlerinages (Umra) », affirme le Coran (Sourate de la Vache 2, 196). Le grand pèlerinage n’est exigé qu’une fois dans la vie du croyant. Célébré une fois par an lors du « Mois sacré du pèlerinage » (Dhul-Hijja) – le 12e et dernier de l’année liturgique -, ce rite spectaculaire se tient soixante-dix jours après la fin du ramadan à la Mecque, là où est né l’islam. La figure d’Abraham, considéré par les musulmans comme leur « père fondateur », marque les obligations rituelles du Hajj : tours autour de la Kaaba, lapidation quotidienne de colonnes rappelant les anciennes idoles qu’il aurait abolies, etc. Lors de la « Grande Fête » (Aïd-el-Kébir) ou « Fête du Sacrifice » (Aïd-el-Adha), le sommet du pèlerinage, les pèlerins égorgent des moutons en souvenir du sacrifice qu’Abraham a été prêt à faire de son fils.

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Que se passe-t-il si un croyant s’exempte de ces pratiques pour des raisons autres que celles autorisées ? C’est son choix, et en théorie, cela ne concerne que lui et Dieu. L’islam est a priori une relation personnelle où le croyant se soumet à la volonté du Dieu unique.

Mais comme le rappelle le juriste tunisien Yadh Ben Achour dans Le Point Références, Penser l’islam, hier et aujourd’hui, dans le sunnisme, qui représente près de 90 % des musulmans, le poids social est très important. L’« orthodoxie » majoritaire est le fruit d’une combinaison complexe entre le pouvoir politique, le pouvoir religieux et le soutien de la masse, cette société musulmane aujourd’hui de plus en plus attirée par des règles de comportement très strictes, qu’elle imagine être celles des premiers musulmans, les « salafs ». Certains États interdisent ainsi de manger en public lors du jeûne du ramadan.

Enfin, on assiste aujourd’hui à une extension du domaine rituel obligatoire : ainsi pour les djihadistes, la « guerre sainte » est un « sixième pilier », le voile est en passe de devenir une obligation, la notion d’image est de plus en plus contrôlée, etc. Au nom du Coran et du Prophète, décidément de plus en plus débordés sur leur droite.

Un guide de la pensée en islam

L’islam est-il une religion de la soumission ou de la liberté ? Le retour au VIIe siècle des Bédouins d’Arabie, prôné par les musulmans radicaux, est-il une obligation fondée sur le message coranique, ou une exigence conjoncturelle liée au rejet de l’Occident ? Il n’existe pas d’autorité centralisatrice en islam. Nombreux sont les courants de pensée qui s’y expriment, et s’y opposent. Dans « Penser l’islam, hier et aujourd’hui », Le Point explique, en partant des textes fondamentaux, les principes qui ont dominé l’évolution de la pensée islamique, pourquoi les djihadistes se réclament de la Tradition, qui sont ceux qui, aujourd’hui, dans le respect de leur foi, luttent contre les dérives du « retour au passé ».

« Penser l’islam, hier et aujourd’hui », 120 pages, 7,50 euros

 

Source : Le Point

 

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