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Ce que dit le Coran #3 : le port du voile

le port du voile

Le port du voile se banalise. Il n’est pourtant pas obligatoire en islam, et si le Coran le recommande, c’est dans des circonstances bien précises.

Gare Saint-Lazare, à Paris. Un couple arpente les couloirs. Lui, petite barbe, pantalon de jogging flageolant ; elle, revêtue du niqab noir, un grand voile qui ne laisse voir que ses yeux. Autour d’eux, indifférence totale. Interdit dans les lieux publics, le voile intégral ? Oui, par la loi du 11 octobre 2010, mais bon… De plus en plus de femmes du Golfe en goguette l’arborent sans souci sur les Champs-Élysées. Sans aller jusqu’à cacher complètement leurs fillettes, de plus en plus de familles font porter un hidjab (foulard) à leurs filles.

« Je vois dans mon quartier, le 18e arrondissement, des gamines de quatre ou six ans qui portent le foulard ou une mante jusqu’au pied, assure cette Sénégalaise, outrée de voir de plus en plus de jeunes Africaines plonger avec leurs enfants dans le salafisme militant. Allez aux abords des mosquées du nord de Paris, vous verrez. »

La décence exigée des femmes… et des hommes

Le voile, c’est tendance, et la mode est à l’enveloppement de plus en plus total. Mais que dit vraiment le Coran ?

Il exige, c’est vrai, un comportement pudique. Ainsi, le verset 31 de la sourate 24 : « – Commande aux femmes qui croient de baisser leurs yeux et d’observer la continence, de ne laisser voir de leurs ornements que ce qui est à l’extérieur, de couvrir leurs seins d’un voile [khîmar], de ne faire voir leurs ornements qu’à leurs maris ou à leurs pères, ou aux pères de leurs maris, à leurs fils ou aux fils de leurs maris, à leurs frères ou aux fils de leurs frères, aux fils de leurs sœurs, ou aux femmes de ceux-ci, ou à leurs esclaves ou aux domestiques mâles qui n’ont pas besoin de femmes, ou aux enfants qui ne distinguent pas encore les parties sexuelles d’une femme. Que les femmes n’agitent point les pieds de manière à faire voir leurs ornements cachés. »

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Mais on oublie trop souvent qu’il exige la même chose des hommes : « Dis aux Croyants qu’ils baissent leurs regards et soient chastes. Ce sera plus décent pour eux, Allah est bien informé de ce qu’ils font », affirme la même sourate (24; 30).

La sourate 33 (Les Coalisés) consacre quant à elle plusieurs versets aux femmes musulmanes, avec la volonté manifeste de les protéger. Au premier chef, les femmes de Mahomet. « Ô croyants ! N’entrez point sans permission dans les maisons du Prophète, excepté lorsqu’on vous permet de prendre un repas avec lui et sans vous y attendre. […] Le Prophète rougit de vous le dire ; mais Dieu ne rougit point de la vérité. Si vous voulez demander quelque objet à ses femmes, demandez-le à travers un voile. » Enfin, toujours dans la volonté d’assurer la protection des croyantes, mais cette fois-ci de toutes les musulmanes : « Ô Prophète ! Prescris à tes épouses, à tes filles et aux femmes des croyants de serrer sur elles leurs mantes ! Cela sera le plus simple moyen qu’elles soient reconnues et qu’elles ne soient point offensées. » (33; 59).

Protection

Comme nous l’explique Penser l’islam, hier et aujourd’hui, le nouvel opus du Point Références (sortie le 29 octobre), il y a deux façons de lire ces versets : comme une obligation absolue, en niant même les nuances du vocabulaire (le Coran parle en effet de rideau, de voile, de mante, etc.). C’est ce que font les wahhabites et les « salafistes », ceux qui veulent revenir à la pureté des premiers musulmans (« salaf », c’est-à-dire « purs »).

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Deuxième solution : considérer que ces versets sont circonstanciels : au VIIe siècle, dans l’oasis de Médine, où les relations interconfessionnelles étaient houleuses, il était nécessaire de protéger les musulmanes des agressions possibles. Le port du voile n’a jamais été une obligation canonique, contrairement par exemple au jeûne du ramadan ou aux cinq prières quotidiennes. Il était d’abord un moyen de se protéger. En cela le Coran n’innove d’ailleurs pas. Le port du voile, attribut de pudeur féminine et marqueur social, est enraciné dans la culture méditerranéenne, mais aussi proche-orientale depuis la plus haute antiquité. Des chrétiens comme Saint-Paul et Tertullien n’ont pas eu de mots assez durs contre les femmes non voilées, qu’ils jugeaient impudiques, voire pire.

Précisons que, pendant très longtemps, en islam, le voile a été l’apanage des femmes de la haute société urbaine. Les paysannes n’étaient pas voilées (ce n’est guère pratique pour travailler…). Ce n’est qu’au XIXe siècle avec l’arrivée des Occidentaux et de la colonisation que le voile est devenu un enjeu politique, pour les uns le refuge d’une identité inviolable et la marque d’une résistance à l’Occident, pour les autres, le symbole d’un archaïsme (au même titre que la polygamie). En Turquie, sous Kemal Atatürk (1881-1938), plus tard en Tunisie sous Habib Bourguiba (1903-2000), voire en Algérie française en 1958, les autorités « modernistes » ont ainsi organisé des cérémonies de dévoilement publiques, sans se soucier du traumatisme qu’elles pouvaient représenter pour les femmes et leurs familles. La contestation actuelle de l’Occident et surtout le prosélytisme wahhabite ont encouragé depuis une trentaine d’années les femmes à se cacher. En leur assurant que le salut passait par un morceau de tissu… Message d’autant mieux reçu par certaines qu’il était aussi un moyen de marquer sa révolte, et son identité. Jusqu’où ?

 

Source : Le Point

 

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