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Un an de prison avec sursis requis contre trois policiers après la mort en 2015 d’Amadou Koumé

Le ministère public a requis lundi 4 juillet un an de prison avec sursis à l’encontre de trois policiers jugés pour homicide involontaire après la mort en 2015 d’un homme de 33 ans, Amadou Koumé, lors de son interpellation dans un bar à Paris.

Ce père de famille, en proie dans la nuit du 5 au 6 mars 2015 à des troubles psychiques qui avaient poussé le barman à appeler la police, est décédé quelques minutes après son arrestation, succombant à une «asphyxie mécanique lente».

Selon l’expertise menée pendant l’instruction, «le traumatisme cervical et laryngé» provoqué par deux clés d’étranglement a «participé à la survenue de cette asphyxie», également «favorisée» par son immobilisation au sol, sur le ventre, pendant plus de six minutes trente.

Renvoyés devant le tribunal pour homicide involontaire, les policiers encourent 3 ans d’emprisonnement et 45.000 euros d’amende. «Personne n’aurait souhaité se trouver devant ce tribunal aujourd’hui», a déclaré d’emblée la procureure, parlant d’une «tragédie» et d’une «affaire particulièrement délicate».

Pour la magistrate, l’usage de la force a été ce soir-là «nécessaire» et «proportionné» : Amadou Koumé n’est «pas violent» mais «imprévisible», il «résiste», a-t-elle soutenu, ajoutant que des témoins avaient parlé «d’une interpellation musclée, mais pas de violences illégitimes».

«Ce qui peut être reproché (aux trois policiers) est cette faute pénale unique: la négligence coupable, consistant à avoir laissé Amadou Koumé en décubitus ventral, menotté, sans qu’on s’enquière de son état et malgré la force mobilisée pour l’interpeller», a-t-elle affirmé.

«Etat de démence»
Elle a requis la même peine contre Anthony B., membre de la brigade anti-criminalité (BAC) qui a réalisé deux manœuvres d’étranglement, Benjamin P., alors brigadier, qui a posé un genou sur ses lombaires puis sur son bras, et contre Didier M., à l’époque major, «au contact» du trentenaire «du début à la fin». «Personne ne s’est préoccupé de l’état de santé d’Amadou Koumé», dont la «vulnérabilité aurait dû attirer l’attention», a souligné la procureure.

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S’il était dans un «état de démence», les fonctionnaires ont eu eux aussi un «rapport à la réalité distordu» : au fil des minutes, «force est de constater que le danger qu’il peut incarner s’amenuise, n’existe plus». «Je sais que cette réponse judiciaire n’est pas satisfaisante à l’endroit des victimes, mais je sais qu’elles sont surtout en quête de vérité. (…)

Je sais que c’est un deuil impossible», a conclu la procureure, alors que certains membres du public quittaient la salle, semblant protester contre la peine requise. «C’est aussi peut-être un moyen que cela ne se reproduise pas», a-t-elle ajouté. La défense devait plaider dans la soirée.

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