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Les transferts d’argent des migrants atteignent des niveaux record

Les transferts d’argent par les migrants vers leur pays d’origine surpassent les montants de l’aide publique au développement et des investissements directs étrangers. L’écart s’est encore creusé.

Pour les pays pauvres, l’écart se creuse entre la hausse des transferts de fonds des migrants et des investissements directs étrangers moins importants.

En dépit des coûts de transaction associés, les transferts de fonds des migrants vers leur pays d’origine restent une des principales sources de financement externe des pays pauvres. C’est ce que laisse entendre de nouveau la Banque mondiale qui prévoit, cette année, que ces transferts vers les pays à revenu faible et intermédiaire atteignent un montant record de 669 milliards de dollars.

Les flux ont encore progressé en 2023 (3,8 %) mais de manière moins importante après les fortes augmentations de 2021-2022. En 2024, l’institution multilatérale prévoit de nouveau une progression de 3,1 %, ce qui porterait les envois d’argent à 690 milliards de dollars.

Le dynamisme encore enregistré cette année est lié à la hausse du nombre de nouveaux immigrants permanents en 2022. Dans les pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), leur nombre a augmenté de 26 % l’an passé. Les mouvements migratoires vers les pays de l’OCDE sont restés forts au début de l’année 2023, portés par une reprise de l’emploi, notamment aux Etats-Unis, où le taux d’emploi des personnes nées à l’étranger a dépassé celui des personnes nées dans le pays. Le nombre de demandeurs d’asile et de passages irréguliers des frontières en Europe semble également avoir augmenté en 2023, indique la Banque.

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Les Etats-Unis en pole position
Les Etats-Unis restent la principale source d’envois de fonds. Ils sont suivis par l’Arabie saoudite. Rapporté au PIB du pays, l’Arabie saoudite enregistre un volume nettement plus important que les Etats-Unis. Malgré la hausse de l’emploi des travailleurs étrangers en Arabie saoudite, au regard des mégaprojets en cours dans le pays , les transferts de fonds vers les pays d’origine des migrants ont cependant diminué de 13 % au premier semestre 2023 par rapport à l’année précédente.

« Cette baisse reflète probablement les ajustements post-Covid, ainsi que la récente politique de l’Arabie saoudite autorisant les travailleurs migrants étrangers à amener leur famille dans le pays lorsqu’ils travaillent, ce qui pourrait entraîner une diminution des envois de fonds vers leur pays », détaille la Banque mondiale, ajoutant que cette tendance pourrait aboutir à un recul des transferts de fonds vers le Pakistan et la plupart des pays d’Afrique du Nord.

Recul des flux russes
La guerre en Ukraine et les sanctions occidentales contre la Russie continuent de remodeler le paysage sur le plan des envois de fonds à l’étranger. Après avoir augmenté respectivement de 15,5 % et 18,5 % en 2021 et 2022, les transferts de fonds vers l’Europe et l’Asie centrale devraient diminuer de 1,4 % pour atteindre environ 78 milliards de dollars en 2023.

Cette faible performance est liée au ralentissement des flux de la Russie vers les pays voisins. L’Arménie, l’Azerbaïdjan, la Géorgie, la République kirghize et l’Ouzbékistan sont principalement touchés. Certains pays de la région restreignent les transferts depuis la Russie par crainte de sanctions supplémentaires. Le recul d’environ 20 % du nombre de migrants arrivés en Russie au premier semestre 2023 et la dépréciation du rouble russe par rapport au dollar ont également rogné l’ampleur des envois d’argent de Russie.

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Des coûts élevés
Quoi qu’il en soit, cette année, les envois de fonds des travailleurs migrants devraient surpasser d’environ 250 milliards de dollars le montant des investissements directs étrangers (IDE) réalisés dans leurs pays d’origine. « Les flux de transferts de fonds vers les pays en développement ont dépassé le montant des investissements directs étrangers et de l’aide publique au développement ces dernières années, et l’écart se creuse », estime Dilip Ratha, économiste à la Banque mondiale.

Le fait que les frais associés à ces transferts soient encore élevés ne constitue pas un frein au flux. En moyenne, ces coûts s’élevaient à 6,2 % au second trimestre 2023, soit plus du double de l’objectif de développement durable (ODD) de 3 % fixé pour 2030. Il est plus onéreux d’envoyer des fonds vers l’Afrique subsaharienne (7,9 %) qu’en Asie du Sud (4,3 %). Seuls deux pays de départ des fonds – la Corée du Sud et l’Arabie saoudite – ont atteint l’objectif des pays du G20 de réduire ces coûts à 5 %.

Par Richard Hiault

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