L’actrice de 85 ans devrait être convoquée par le tribunal correctionnel de Saint-Denis de La Réunion pour avoir tenu des «propos à caractères racistes à l’encontre des habitants de l’île».
Déjà condamnée à cinq reprises pour injures à caractère raciale, Brigitte Bardot, 85 ans, doit bientôt être convoquée devant le tribunal correctionnel de Saint-Denis de La Réunion, pour avoir traité les Réunionnais de «population dégénérée».
«On ne peut être et avoir été», écrivait le poète Chamfort. Même si Brigitte Bardot a, de longues années durant, symbolisé l’Hexagone en étant le buste de Marianne, dans toutes les mairies de France, c’est pour avoir injurié les Réunionnais en les traitant de «population dégénérée» que l’actrice, âgée de 85 ans, devrait bientôt être convoquée devant le tribunal correctionnel de Saint-Denis de La Réunion.
Selon Le Parisien, l’ancienne égérie de Jean-Luc Godard est à nouveau poursuivie par la justice «pour incitation à la haine raciale». Déjà condamnée à cinq reprises pour des faits similaires, la militante de la cause animale s’est une nouvelle fois illustrée le 19 mars 2019 en adressant un courrier au préfet du département ultramarin, en tant que présidente de la Fondation qui porte son nom.
«Population dégénérée»
Dans cette missive, que son chargé de communication a également envoyée à différents médias locaux, Brigitte Bardot a dénoncé les mauvais traitements infligés à des chiens par les Réunionnais, sommant l’édile de mettre fin à ces pratiques. Poursuivant sur un ton courroucé, BB a déclaré tout-à-trac que la Réunion était «l’île du Diable», fustigeant «ces autochtones ayant gardé leurs gènes de sauvages encore imprégnés des coutumes ancestrales, des traditions barbares qui sont leur souche», tout en qualifiant les habitants de La Réunion « de population dégénérée.»
Plus loin dans la lettre, on pouvait également lire : «Tout ça a des réminiscences de cannibalisme des siècles passés… J’ai honte de cette île, de la sauvagerie qui y règne encore.» Les propos de l’actrice ont à juste titre soulevé un tollé de réprobation sur l’île, ainsi que le dépôt de plusieurs plaintes de la part de la Ligue des droits de l’homme, de la Fédération des associations tamoules de la Réunion ainsi que la Licra et du Mrap, entraînant finalement une mise en examen de l’actrice et de son communicant pour complicité.
La force de l’engagement de Mme Bardot ne saurait cependant justifier qu’elle injurie de façon globale des êtres humains en laissant croire que les sévices à animaux étaient le fait de l’ensemble des habitants de la Réunion.
Eric Tufféry, procureur de Saint-Denis de la Réunion
Le 11 mars dernier, dans un réquisitoire, Eric Tufféry, le procureur de Saint-Denis de la Réunion déclarait: «Nul ne niera que Mme Bardot a mené des combats légitimes pour qu’il soit mis fin à certaines pratiques qui n’étaient plus tolérables […] La force de l’engagement de Mme Bardot ne saurait cependant justifier qu’elle injurie de façon globale des êtres humains en laissant croire que les sévices à animaux étaient le fait de l’ensemble des habitants de la Réunion.»
Le 30 avril, le juge d’instruction chargé de l’affaire a donc estimé que l’infraction commise par Brigitte Bardot était suffisamment caractérisée pour la renvoyer avec son chargé de communication devant le tribunal correctionnel. Les réactions ne se sont pas fait attendre. L’avocat de la Licra et du Mrap s’est ainsi exprimé: «Son combat, aussi juste soit-il, n’autorise pas Brigitte Bardot à dire tout et n’importe quoi. Elle devient la caricature de son propre combat.»
Sauf recours devant la chambre de l’instruction, la prévenue devrait donc être convoquée devant le tribunal correctionnel de Saint-Denis de La Réunion dans les mois à venir pour incitation à la haine raciale. Lors de sa dernière comparution en 2011, pour le même motif, l’actrice avait écopé d’une amende de 15.000 euros.
Avec Le Figaro