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La bonne combine d’Omar, un agent de sécurité sénégalais pour toucher plus d’argent

Un Sénégalais a fourni des titres de séjours à des compatriotes clandestins et leur a permis de travailler sous sa propre identité. Il a été condamné.

Omar est titulaire d’un agrément d’agent de sécurité mais il a très peu exercé. Ce Sénégalais de 35 ans, vivant à Bordeaux, a occupé divers petits boulots et est aujourd’hui manœuvre. Il pensait avoir trouvé la combine lui permettant de gagner de l’argent facilement quand quelques-uns de ses compatriotes, vivant en France clandestinement, l’ont contacté par le bouche-à-oreille pour obtenir de faux papiers à son nom.

Ces titres de séjour étaient accompagnés du duplicata de sa carte d’agrément d’agent de sécurité et de son relevé d’identité bancaire. Une dizaine de sans-papiers, principalement en région parisienne, se sont rapprochés d’Omar et ont obtenu un emploi dans la sécurité privée. Mais au final, ils ont gagné très peu d’argent car leur salaire était versé sur le compte bancaire d’Omar, qui leur octroyait quelques centaines d’euros.

En 2020, plus de 170 000 euros ont été virés par 32 sociétés en faveur d’Omar. Au cours de la même période, 119 déclarations préalables à l’embauche ont été enregistrées sous son patronyme. « Cela fait beaucoup pour un seul salarié », observe Charles Moynot, président de la 4e chambre correctionnelle, devant laquelle comparaissait Omar lundi.
Des biens achetés

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L’affaire a vu le jour en fin d’année dernière, quand un cousin d’un des sans-papiers a dénoncé les agissements de l’agent de sécurité. L’enquête a été confiée par le parquet à la brigade mobile de recherches zonale (BMRZ) de la police aux frontières (PAF).

Rapidement, les investigations ont permis de confirmer qu’Omar faisait travailler sous sa propre identité une dizaine de ses compatriotes et que l’argent recueilli était transféré au Sénégal pour acheter des biens et des terres. Ces opérations de blanchiment ont intrigué les policiers qui n’ont pas laissé le temps à l’agent de sécurité de s’envoler pour Dakar le 13 février. Ils l’ont interpellé à l’aéroport de Bordeaux-Mérignac et il a été aussitôt placé en garde à vue.

« Ce sont des gens de mon village qui m’ont contacté », a-t-il indiqué aux enquêteurs qui cherchaient à déterminer l’ampleur de la juteuse arnaque. « Je ne travaillais pas, ce sont eux qui travaillaient à ma place ». Les policiers déterminent que, alors qu’il était au Sénégal en décembre 2020, treize sociétés ont crédité son compte de 18 000 euros en salaires. Les agents de l’Urssaf constatent pour leur part qu’il occupe un emploi à temps plein à cette même époque.
Pour aider ses amis

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À la barre du tribunal correctionnel, Omar a du mal à se justifier et explique « avoir voulu rendre service à ses compatriotes qui cherchaient un travail ».

« Il souhaitait aider ses amis et a arrondi ses fins de mois avec des sommes dérisoires d’une centaine d’euros », relativise son avocat Me Khadim Thiam. « Il n’avait pas conscience de commettre une infraction. »

Le vice-procureur Marianne Poinot n’a pas la même vision du dossier et estime qu’il s’agit « d’une entraide communautaire très bien organisée et lucrative. Il recrute et fait travailler les autres en sa faveur, en leur fournissant tous les moyens ».

Dans son délibéré, le tribunal a condamné Omar à 10 mois de prison avec sursis, une amende de 3 000 euros assortis d’une interdiction définitive d’exercer toute activité dans la sécurité privée.

Avec SUD-OUEST

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