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Transfert d’argent : Beaucoup de gens passent par le marché parallèle

À Paris, les agences de transfert d’argent à l’étranger ne désemplissent pas. Leurs clients payent, parfois, de lourds frais pour envoyer de l’argent à leurs proches.

Les pancartes MoneyGram, Western Union et Ria fleurissent à – presque – tous les coins de rue dans les quartiers populaires parisiens de la gare du Nord et de Barbès.

Ce matin-là, les nombreuses agences de transfert d’argent font le plein. On s’y presse, les mains ancrées dans les poches, tenant fermement et discrètement quelques billets.

Comme cette quinquagénaire croisée à la sortie du « Ria » de la rue de la Goutte-d’Or. « Je viens d’envoyer 20 euros au Maroc, ça m’a coûté 3 euros de frais, ça fait cher », commente-t-elle. Et de préciser : « Mais c’était une demande urgente d’une proche. Elle aura l’argent en cash tout de suite. Alors que si j’étais passé par un mandat à la Poste, cela aurait pris des jours ».

À quelques encablures de là, vers la gare du Nord, on se bousculerait presque au guichet de la Western Union du boulevard de Magenta. Jérôme, la quarantaine, était là quasiment dès l’ouverture. « Je viens d’envoyer 50 € euros en Haïti, cela m’a coûté 2,90 € », raconte cet immigré. Un transfert pour des « amis d’amis » restés dans les Caraïbes. « C’est une aide qui leur permet de se nourrir », lance Jérôme, avant de couper court à la conversation.

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Quelques minutes plus tard, un homme d’une quarantaine d’années franchit à son tour la porte de l’agence. Il lâche, un peu craintif : « Dès que je le peux, j’envoie de l’argent à ma femme restée en Turquie, elle le récupère en cash le lendemain ». Et de préciser, dans un français hésitant : « Aujourd’hui, je lui ai envoyé 1 000 €, ça m’a coûté, entre 20 et 25 €, ce n’est pas si cher ».

«Beaucoup de gens passent par le marché parallèle»
Financer la famille restée dans son pays d’origine, aider les proches à s’en sortir là-bas, c’est aussi ce qui pousse Mamoudou à se serrer la ceinture. Au prix d’une vie de sacrifices, ce professeur de mathématiques d’origine sénégalaise réussit à mettre de côté 300 à 400 euros par mois. Un pécule qu’il envoie à ses petits frères restés à Dakar. « Cela fait quatorze ans que je le fais. Cela permettra de financer leurs études », raconte-il. Un transfert qui a un coût. « C’est facturé de 12 à 15 euros, je trouve cela très cher. Alors, à chaque fois, je compare toutes les offres », signale Mamoudou.

Il en veut d’ailleurs un peu à ces grandes sociétés qui font leur beurre de ces envois d’argent en Afrique. « J’ai fait les calculs : dans mon village qui compte environ 6 000 habitants, ce sont au moins 5 000 euros qui sont envoyés chaque mois », assure-t-il. Des sommes qui génèrent de nombreux frais.

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Il existe bien une technique pour réduire le coût : le marché parallèle. « Beaucoup de gens passent par là », prétend-il. Comment cela fonctionne ? « Vous donnez l’argent, ici, à quelqu’un qui téléphone à un de ces contacts au Sénégal. Et c’est chez lui que vos proches récupèrent le cash », détaille Mamoudou. « C’est moins cher mais c’est plus risqué, cela ne repose que sur la confiance, alors je préfère continuer à passer par des agences officielles. »  

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