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Une peau claire à tout prix ? L’Afrique dans le piège des crèmes

L’éclaircissement de la peau est une pratique courante en Afrique où la vente de produits blanchissants est légale dans de nombreux pays. Pourtant, l’utilisation de crèmes « éclaircissantes » n’est pas sans danger : apparition de vergetures, boutons, poils, risques d’hypertension et de diabète. Au Sénégal, un produit similaire, Khess Petch, fait l’objet d’un vif débat sur le Web.

Kiné Fatim Diop explique dans « Une peau plus blanche en quinze jours » :

« “Toute blanche”, c’est la traduction de l’expression en wolof “khess petch”, du nom d’une toute nouvelle crème aux vertus prétendument éclaircissantes. »

Avec « Une peau (très) claire à tout prix : comprendre le phénomène en Afrique » Carole Ouédraogo sur le site NextAfrique écrit que ce phénomène touche plusieurs pays africains  :

« Les chercheurs estiment que 25% des femmes à Bamako au Mali utilisent des produits éclaircissants, 35% en Afrique du Sud, 52% au Sénégal… »

Peau claire = statut social élevé ?

Et poursuit  :

« Les femmes au Sénégal associent la peau claire avec la beauté, l’élégance et un statut social élevé. Une étude menée en Tanzanie a révélé que nombre de Tanzaniens ont embrassé les idéaux de beautés eurocentriques. »

La blogueuse Une toubab [mot qui désigne les Occidentaux en Afrique de l’Ouest] à Dakar dans un billet « La Xessalisation ou la stupide quête de la blancheur » essaye de répondre à la question : pourquoi vouloir se blanchir la peau  ?

« Certaines pensent que les Sénégalais aiment la peau claire, elles se dépigmentent alors pour leur plaire… D’autres parlent de “ complexes ”… »

La blogueuse Fatou, dans son billet « Le blanchiment de la peau : les pratiques, enjeux et la responsabilité » sur BlackBeautyBag, va plus loin :

« Il y a les séquelles de l’esclavage et la colonisation. D’un point de vue psychologique, ce passé a laissé des séquelles chez beaucoup de personnes. Ce sentiment d’infériorité n’a pas totalement été éradiqué malheureusement. Il y a des filles qui ne sont pas complexées à la base, mais à force de railleries venant de leurs proches, elles sautent le pas. Les remarques comme “TU ES NOIRE COMME LA NUIT, SI TU ES TROP NOIRE AUCUN HOMME NE VOUDRA DE TOI”, et j’en passe des meilleures … »

« Dark Girls »

Sur le sentiment d’infériorité, la blogueuse Mama Sarate fait quant à elle un billet pour susciter la polémique : « Du noir aux Blanches l’ascension raciale ».

« Que proposent les internautes pour contrer ce problème alors que, par exemple, au Sénégal depuis 1979 un décret interdit la dépigmentation chez les élèves des cours élémentaire, primaire et secondaire et qu’en Jamaïque, la question est également abordée comme un problème de santé publique  ?

Aux Etats-Unis, il y a eu le documentaire “Dark Girls” pour illustrer et débattre des préjugés contre les femmes à peau sombre et au Kenya le top model Ajuma Nasenyana a lancé une campagne contre les produits qui blanchissent la peau. »

Une première réponse avec Kiné Fatim Diop  :

« Très rapidement, une mobilisation citoyenne dénonçant les risques de cette lotion [Khess Petch] est née sur les réseaux sociaux. Lancée sur Internet, une pétition en ligne appelant le ministère de la Santé à mettre fin à cette campagne publicitaire a recueilli plus de 1 000 signatures en quatre jours. »

Une boutade de @K_Sociial sur Twitter  :

« Je vais bientôt créer : “Nioul kouk” [toute noire] vous allez voir. Les filles deviendront bleues  ! … »

Des internautes et infographistes ayant eu la même idée organisent ainsi une contre-campagne  : à Khess Petch (toute blanche) s’oppose Nioul Kouk (toute noire).

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NouvelObs
Anna Gueye
INITIALEMENT PUBLIÉ SUR GLOBAL VOICES

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