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De plus en plus de migrants dorment dans la rue pour éviter l’expulsion à Grande Canarie

Effrayés à l’idée d’être renvoyés dans leur pays d’origine, de plus en plus de migrants quittent leur centre d’accueil de Grande Canarie pour dormir dans les rues de l’île espagnole. Ils trouvent parfois refuge sur les hauteurs de l’île, au bord des falaises.

Depuis un mois, une soixantaine de migrants ont installé un camp de fortune non loin de la capitale de Grande Canarie, Las Palmas. Perché sur une falaise balayée par les vents, le lieu a beau être l’un des plus importants, il n’est pas unique. D’autres camps plus modestes ont aussi vu le jour ces dernières semaines à Grande Canarie.

Certains migrants dorment en petits groupes dans des parcs ou se cachent la nuit dans des ravins et même sous des camions. « En général, les camps ne grossissent pas car dès qu’ils s’installent quelque part, ils sont chassés par la police », assure à InfoMigrants Maria de l’association Somos Red, une organisation née en février pour fournir à ces personnes de l’eau, de la nourriture et des vêtements.

Les premiers migrants à dormir dans les rues de l’île étaient pour la plupart des Marocains. Ils avaient été expulsés des hôtels pour avoir enfreint le code de conduite ou pour avoir été absents plus de trois jours. Mais ces dernières semaines, le profil des migrants à la rue a changé.

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Rumeurs de renvois
Dorénavant, la majorité est originaire d’Afrique de l’ouest. Ils ont quitté volontairement les centres de la Croix-Rouge dans lesquels ils étaient hébergés. « Ils sortent des structures d’accueil car ils ont peur d’être transférés à Las Raíces et renvoyés dans leur pays d’origine », signale Mamé Cheikh, président de la Fédération des associations africaines des îles Canaries, joint par InfoMigrants.

Le centre de Las Raíces est un grand camp d’hébergement de 1 400 places situé à Tenerife, l’île voisine de Grande Canarie. « Des bruits ont commencé à courir disant que des expulsions avaient commencé depuis ce centre. Les migrants ont préféré rester dans la rue que d’être envoyé à Las Raíces », rapporte Maria de Somos Red.

C’est le cas d’Ousmane Diop, un Sénégalais de 27 ans, interrogé par le quotidien espagnol El Pais. Hébergé dans un hôtel touristique de Grande Canarie depuis plusieurs mois, il a préféré rejoindre le campement de Las Palmas au bord des falaises quand il a su qu’il serait bientôt transféré au camp de Las Raíces. « À l’hôtel, je ne faisais que manger et dormir. Au camp, ça allait être pire, et à partir de là, ils allaient nous renvoyer au Sénégal », pense-t-il.

Même explication chez Samba, un autre migrant sénégalais rencontré par El Pais : « À Puerto Rico [ville dans le sud de Grande Canarie où sont hébergés de nombreux migrants, ndlr], on nous a dit que si nous étions envoyés à Las Raíces, ce serait l’étape avant d’être renvoyés au Sénégal. Et je ne veux pas de ça. Je veux juste de l’aide pour pouvoir commencer à travailler », raconte le jeune homme.

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Des migrants bloqués aux Canaries
Mais pour Mamé Cheikh, le départ précipité des migrants logés dans les hôtels repose sur un manque d’informations. « Tout est parti de rumeurs. Or, depuis le début de l’année personne n’a été expulsé en Afrique noire depuis Tenerife », indique le président de la Fédération des associations africaines des îles Canaries. Selon lui, les autorités transfèrent les exilés vers l’île voisine pour des questions d’effectifs, Ténérife étant moins débordée que Grande Canarie dans l’accueil des migrants. « S’ils veulent aller sur le continent, ils ont plus de chance de le faire depuis les centres. Personne ne les aidera dans la rue », insiste Mamé Cheikh.

Reste que les migrants débarqués ces derniers mois aux Canaries se sentent piégés. L’archipel est devenu une véritable prison à ciel ouvert. Les transferts vers le continent se font au compte-goutte et ne concernent que les personnes dites vulnérables. Les autres, n’ont aucune perspective et sont bloqués aux Canaries, pourtant si proches de leur rêve européen.

Leslie Carretero

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