Issu de la pépinière Ruquier, le sympathique Ahmed Sylla fait franchement rire en moquant sa vie pas franchement rose
Imaginez un Jim Carrey qui aurait des racines sénégalaises. Un loustic élastique qui joue autant avec son corps longiligne qu’avec son bagout de comédien. C’est un peu tout ça, Ahmed Sylla, « avec un grand A », comme dit le titre de son deuxième one-man-show au Petit Palais des Glaces.
Ce spectacle, c’est l’histoire sincère et pas toujours drôle d’un gamin né dans une cité de Nantes en 1990. D’une enfance marquée par les coups d’un père à la main leste — « Pas le grille-pain ! Je suis assez noir comme ça », supplie le jeune garçon — et l’affection d’une mère aimante. D’une adolescence passée à chercher sa voie : « A 5 ans, tu rêves d’être policier ; en 3e, d’être hôtesse d’accueil chez Flunch. » D’une vocation d’acteur qui va peu à peu s’imposer à toute la famille.
Ahmed raconte ses années lycée : le copain angoissé par les interros, le prof d’EPS incapable d’aligner deux mots, un vol dans un magasin qui lui vaut la colère paternelle : « Je suis ton père, mais tu vas mourir. » Il détaille ses petits boulots, dans un centre de loisirs ou comme distributeur de journaux gratuits — « Les cafards ont plus d’importance ». Il évoque dans une scène émouvante son grand-père, qui lui raconte ses souvenirs de guerre, « pour que tu le mettes dans ton spectacle ».
Comédien multiforme, Ahmed Sylla se glisse dans la peau d’une vendeuse raciste de Sephora — « Je vous prie de respecter la distance de sécurité nasale » — à la manière d’un Alex Lutz. Il imagine un entraîneur de foot maghrébin qui insulte en arabe Valbuena et Benzema. Il invente même un… foetus gay.
Le tout avec une bienveillance et une empathie qui tranchent avec l’agressivité d’une bonne partie du stand-up français.