A partir de ce lundi 13 novembre, un homme de 42 ans est jugé par la cour d’assises des Deux-Sèvres : il est accusé d’avoir transmis le VIH à trois de ses conquêtes alors qu’il se savait séropositif. Le verdict est attendu mercredi.
La mère de Sékou Camara a témoigné devant la cour d’assises des Deux-Sèvres. A la barre, entre deux sanglots, elle a raconté la vie de son fils, la manière dont elle l’a éduqué, l’absence d’un père… Cette retraitée, qui vit à Niort, a appris la séroposivité du mis en cause par l’une de ses anciennes compagnes, aujourd’hui sur le banc des parties civiles.
« C’est quelqu’un qui est respectueux, il est toujours là quand on a besoin de lui, a-t-elle déclaré, répondant à la question de l’avocate générale, Natacha Rateau. Depuis qu’ils l’ont arrêté, ma vie n’est plus la même. »
Peut-être que c’est ma faute, peut-être que c’est mon éducation qui l’a rendu comme ça. C’est pour ça que j’ai demandé pardon à tout le monde.
La mère du mis en cause, une retraitée qui vit à Niort.
Mise à jour à 11 h 30. Les débats ont commencé un peu avant 10 h : la cour d’assises des Deux-Sèvres a entendu l’accusé une heure et demie durant pour en savoir plus sur sa personnalité. Sékou Camara est arrivé en France à « 18, 19 ans ». On lui connaît plusieurs identités – jusqu’à quatre -, au moins deux dates et lieux de naissance différents, plus huit enfants et de nombreuses épouses et conquêtes, parfois fréquentées simultanément.
La polygamie, c’est instauré dans ma culture. Même dans ma religion, il est permis d’épouser quatre femmes
Sékou Camara, l’accusé.
L’accusé, qui a huit demi-frères et demi-soeurs, n’a quasiment pas connu son père. Il a été élevé par sa seule mère, d’origine sénégalaise, avec l’aide de la servante de celle-ci. En France, il s’est d’abord installé en région parisienne, avant de venir à Niort à l’invitation d’un cousin qui crée à l’époque une entreprise de sécurité. Il quittera les Deux-Sèvres pour la Loire-Atlantique afin d’augmenter ses chances de trouver du travail. Il a été condamné à six reprises par le passé, trois fois pour des escroqueries.
Il encourt quinze ans de réclusion criminelle
A compter de ce lundi 13 novembre et jusqu’au mercredi 15 novembre, la cour d’assises des Deux-Sèvres, réunie au palais de justice de Niort, juge un homme de 42 ans accusé d’avoir rendu séropositives, alors qu’il se savait porteur du VIH, trois de ses conquêtes. Les faits visés se sont déroulés à Niort, Chauray et Tours (Indre-et-Loire) en 2003, puis entre 2006 et 2009.
Sékou Camara, placé sous contrôle judiciaire donc comparaissant libre après moins d’un mois de détention provisoire dans ce dossier, est notamment poursuivi pour « administration de substance nuisible avec préméditation ou guet-apens suivie de mutilation ou infirmité permanente avec préméditation ». Celui qui encourt quinze années de réclusion criminelle est défendu par Me Patricia Coutand et Me Emilie Hay, avocates au barreau de Poitiers (Vienne).
Il montrait un test négatif au VIH, un faux
L’affaire avait commencé au mois d’octobre 2009 quand l’une des trois parties civiles était venue déposer plainte au commissariat de police de Niort : elle entretenait une relation sentimentale avec le mis en cause, natif de Côte-d’Ivoire et de nationalité sénégalaise, et avait eu avec lui, quelquefois, des rapports non protégés.
Elle s’en était émue au début mais, en retour, il lui avait montré un test négatif au VIH, un faux. Sauf qu’en 2008, une amie avait indiqué à la plaignante que le désormais quadragénaire était bel et bien séropositif et ce, depuis 2003, a démontré l’enquête. Il le reconnaîtra finalement.
Quatre victimes au départ, l’accusé a bénéficié d’un non-lieu dans un cas
Trois autres victimes ont porté plainte, l’accusé, qui est désormais installé à Nantes (Loire-Atlantique) après avoir vécu plusieurs années durant à Niort, bénéficiant d’un non-lieu au bénéfice du doute dans l’un des cas.
Les trois parties civiles sont conseillées par Me Lee Takedhmit, également avocat au barreau de Poitiers, qui sera épaulé par deux autres plaideurs parisiens pendant les trois jours du procès, Me Lynda Sabilellah et Me Amaury Auzou. L’avocate générale est Natacha Rateau, procureure de la République de Niort.