La jeune adjointe de sécurité de Seine-Saint-Denis a avoué avoir dérobé en août 2017, sur son lieu de travail, deux pistolets Sig Sauer et deux chargeurs pleins. Elle a été mise en examen en février.
Du commissariat à la prison. C’est le parcours de Mariama, 20 ans, adjointe de sécurité affectée en Seine-Saint-Denis. Cette jeune policière a été mise en examen le 8 février pour vol aggravé criminel et association de malfaiteurs. Elle a avoué lors de sa garde à vue avoir dérobé, durant la nuit du 25 au 26 août 2017 à la direction territoriale de Seine-Saint-Denis, deux pistolets Sig Sauer et deux chargeurs pleins. Une « commande » de son frère et d’un ami qui lui aurait permis de toucher 300 € et de signer le dernier chapitre d’une courte carrière entourée de soupçons.
En septembre 2015, Mariama entre dans la police comme cadet de la République, un dispositif qui permet aux jeunes gens sans diplôme de pouvoir intégrer l’institution. Un an plus tard, la voilà adjointe de sécurité dans une brigade de jour au commissariat de Pantin (Seine-Saint-Denis).
Mais, très vite, elle est soupçonnée de consulter les fichiers de police pour informer son frère et ses amis d’une cité d’Ozoir-la-Ferrière (Seine-et-Marne). Pas de preuves formelles mais assez de doutes pour qu’elle soit déplacée début 2017 vers la guérite de l’entrée de la direction départementale à Bobigny.
Des prêches de l’imam controversé de Brest
Elle émet ensuite le désir de quitter la police. Elle s’inscrit sur des sites de rencontres réservées aux pratiquants musulmans et explique être particulièrement gênée parce qu’elle est obligée de quitter son voile avant de pénétrer dans les locaux du commissariat. Ses collègues la voient garder son gros blouson à capuche sur la tête pour cacher ses cheveux malgré la chaleur de l’été.
La policière apprend l’arabe et télécharge des prêches de l’imam controversé de Brest. Elle envisage de se marier avec « un bon musulman » et de s’installer en Algérie ou en Arabie saoudite. En attendant elle s’isole, comme elle l’expliquera dans ses auditions : « Je n’ai plus d’amis, depuis que je me suis mariée religieusement, début décembre 2017. J’ai coupé les ponts. Je reste juste chez moi, chez mes parents ou ma belle-sœur. »
Lorsque deux armes disparaissent des locaux de Bobigny pendant une nuit d’août 2017, la jeune femme est brièvement placée en garde à vue par l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) et suspendue. Les enquêteurs se rendent compte qu’elle s’était renseignée sur le prix des pistolets Sig Sauer, les armes qui équipent la police.
Plus incroyable encore, ils découvrent qu’elle voulait commettre une faute grave pour se faire licencier… Sur son téléphone, les bœufs-carottes ont trouvé le message d’un mystérieux « Broly ». Le nom d’un personnage de dessin animé qui était en fait son petit frère Salif, lui disant que si elle travaillait seule, on la soupçonnerait immédiatement.
Un panier-repas contre les armes
Le 5 février dernier, elle est de nouveau placée en garde à vue à la DRPJ de Versailles (Yvelines) en compagnie de son frère, d’un ami, d’un militaire et d’un complice de ce dernier. Mariama passe des aveux un peu confus où elle tente de minimiser le rôle de son frère. Le soir du vol, elle explique être sortie de sa vigie pour prendre les clés des coffres à armes et munitions.
« Je suis entrée dans la salle avec le code. J’ai ouvert les coffres, j’ai pris les deux Sig au hasard et des chargeurs. » Mariama les cache alors dans les poches de son blouson. Et comme prévu dans le scénario, un de ses complices se fait passer pour son petit ami et lui ramène son panier-repas, opportunément oublié. Ils procèdent à l’échange : la gamelle contre les armes.
La policière raconte qu’elle avait très peur et qu’elle a finalement accepté son rôle après avoir été rassurée et mise sous pression. « J’ai touché 300 €… Je ne voulais pas le faire. Je regrette énormément mon geste, confie-t-elle. Je ne sais pas ce que sont devenues les armes. Je sais juste qu’elles ont été vendues. »
Un militaire impliqué dans le trafic
En plus de la jeune adjointe de sécurité, les quatre autres suspects, âgés de 19 à 31 ans, ont été mis en examen début février par le juge d’instruction. Salif a vendu les deux armes à Mehdi, caporal-chef au 152e régiment d’infanterie de Colmar (Haut-Rhin), qui voulait acheter une arme dans son quartier à Ozoir-la-Ferrière.
Ce soldat de 28 ans, passionné d’armes à feu, a revendu, pour 800 € l’un des pistolets à Lamine, un trafiquant de drogue de 31 ans qui vit dans le XVIIe arrondissement de Paris. Mais cette seconde arme n’a pas été retrouvée. L’affaire a éclaté lorsque Mehdi s’est fait accidentellement tirer dessus par un ami dans la forêt d’Ozoir en essayant le pistolet volé…
Le Parisien