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Saliou Dia sillonne la cité avec les Papas Debout

Saliou Dia sillonne la cité avec les Papas Debout

À 68 ANS, IL A PRIS LA TÊTE DE CE COLLECTIF DE CHAMPIGNY (VAL-DE-MARNE). ILS VEULENT MAINTENIR LE CALME.

Comme le chef d’un village dans son pays natal, le Sénégal, Saliou Dia n’a pas besoin de hausser la voix ni de mesurer 1,80 m pour en imposer.

Quand il se déplace dans son quartier du Bois-l’Abbé, à Champigny (Val- de-Marne), avec les autres pères du collectif les Papas debout, les jeunes de la cité l’écoutent.

À 68 ans, l’homme a pris la tête du collectif imaginé il y a dix-huit mois environ mais qui organise ses premières actions depuis la fin de l’année fin 2021.

Les rencontres avec d’autres parents, « qu’ils soient de vieux papas ou des nouveaux pères », précise l’homme, s’organisent.

Saliou Dia et ses amis, pour la plupart originaires d’Afrique, se retrouvent notamment tous les jeudis après-midi au pied de la grande tour Rodin. Le collectif, qui s’appuie sur Solifri (Solidarité et fraternité intergénérations), tient une permanence à la maison du projet.

Avec comme objectif de « recoller les morceaux après cette coupure entre générations », une trentaine de pères ont déjà rejoint les Papas debout. « C’est plus difficile qu’avant d’avoir des points communs avec ses enfants, les réseaux sociaux compliquent encore plus ce lien avec les plus jeunes », estime Saliou Dia, désigné coordinateur du mouvement.

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Objectif : passer le relais à la jeune génération
Père de quatre enfants, trois garçons et une fille, qui sont nés au Sénégal, il est arrivé en France en 1979 pour faire ses études au collège coopératif.

Avec ses quatre dates de naissance différentes, mais toutes au moment où son pays était une colonie française, Saliou Dia est né français et a continué toute sa vie les allers-retours entre son pays d’origine et son quartier d’adoption. Il vit à Champigny-sur- Marne depuis 2000.

Plutôt en retrait face à ses propres enfants, il a laissé sa femme gérer leur éducation. « Les mères du quartier ont toujours été dans l’action, mais nous, les pères, nous ne participions pas à l’éducation des enfants, regrette Saliou Dia. Nous avons grandi dans des villages où il était de tradition que la mère et la communauté veillent sur les enfants, mais ce schéma n’est pas le bon ici. »

En décembre dernier, il a organisé un colloque sur le rôle des pères. « On avait une soixantaine de personnes, même le commissaire et le maire étaient là », se félicite-t-il. Ils ont abordé les meilleures façons d’impliquer les pères.

« Les papas anciens restent sur le schéma de la personne qui est aux commandes mais qui vit sa vie métro-boulot- dodo, regrette le père de famille. À nous de passer le relais à la nouvelle génération en leur faisant profiter de notre expérience, il faut plus d’échanges entre nous. »

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Des binômes vont se constituer autour d’un papa ancien et d’un nouveau père. « On nous avait appris que le papa dirigeait, maintenant on sait que les femmes et les enfants ont des droits et qu’il faut viser l’harmonie de la famille », soutient celui qui a travaillé toute sa vie en tant que médiateur.

Les pères veulent finalement appliquer un principe efficace de leur pays d’origine. « Au village, les jeunes ne font pas de bêtises parce que tout le monde se connaît et peut rapporter la délinquance à la famille du fautif. En circulant dans le quartier, on reproduit ça et ça reste calme ! Si nous occupons l’espace public, il n’est plus seulement leur territoire. » 

Laurence Parny

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