Si Mamoudou Diallo se déclare « innocent », l’accusation estime pourtant avoir plusieurs éléments de nature à incriminer ce jeune homme de 24 ans, d’origine sénégalaise, qui habite le quartier du Mont-Gaillard au Havre.
L’enquête avait ainsi démarré le 4 février 2013, à 12 h 45, après le vol d’une Audi A4 break à Pornichet (Loire-Atlantique), dont le conducteur avait été délogé par deux agresseurs. Tous deux sortaient alors d’une Ford Mondeo, conduite par un autre homme, dont la plaque d’immatriculation avait été modifiée à l’aide de ruban adhésif. Mais la victime avait retenu que « le chiffre des dizaines était le 7 » et qu’il comportait « le logo de la Haute-Normandie »…
Coïncidence ou non, cinq minutes plus tard, la Poste centrale de Saint-Nazaire avait été braquée par trois individus – en « deux minutes et vingt-trois secondes », selon les enquêteurs – qui étaient repartis à bord d’un break Audi. A 13 h 50, c’est le bureau de poste situé près de l’Hôtel de ville de Saint-Herblain, à 45 minutes de route de là, qui avait été victime d’un vol à main armée. Si le butin du premier braquage n’a pas été précisé, celui du second avait été évalué à 10 000 €.
« Jamais de la vie, je ne ferai un braquage »
Moins de quatre heures plus tard, l’Audi A4 break avait été découverte brûlée à Gonfreville-l’Orcher, près du Havre, tandis qu’une Ford Mondéo appartenant à un jeune Havrais était retrouvée à Saint-Nazaire… Son propriétaire avait alors affirmé aux enquêteurs l’avoir « prêtée » à Mamoudou Diallo au moment des faits.
Lors de la perquisition au domicile de la mère de l’accusé, les policiers avaient alors retrouvé un bas de survêtement semblable à celui porté par les braqueurs de Saint-Nazaire et Saint-Herblain. De même, les empreintes génétiques du jeune homme avaient été retrouvées sur le volant et le levier de vitesse de la Ford Mondeo retrouvée à Saint-Nazaire. Les enquêteurs avaient aussi fait le rapprochement avec le spectaculaire braquage commis le 6 juillet 2012 au bureau de poste du quartier Graville, au Havre, d’où les voleurs étaient repartis avec 130 000 €. Le lendemain des vols commis en Loire-Atlantique, l’un des demi-frères de l’accusé, Sileman Diallo, avait d’ailleurs été interpellé avec deux autres complices présumés. Depuis, ce jeune de 20 ans a été condamné par une cour d’assises des mineurs à douze ans de réclusion criminelle pour ces faits, mais a fait appel de la décision, s’estimant « innocent ».
Les jurés sont allés au-delà des réquisitions.
Les jurés de la Cour d’assises de la Loire-Atlantique ont pu découvrir la personnalité de l’accusé, simplement condamné jusqu’alors pour deux « conduites sans permis » : cet ancien élève du collège Descartes, puis du lycée professionnel Lavoisier, a arrêté sa scolarité après une « altercation verbale » avec un enseignant. Après quelques jobs comme cariste intérimaire chez Cedilec puis au Auchan de Montivilliers, il s’est retrouvé sans emploi.
Si l’avocate générale n’avait requis que huit ans d’emprisonnement, après avoir relevé sept « coïncidences » ou « indices » troublants, qui prouvaient selon elle sa participation à ces « faits qui relèvent du grand banditisme », Les jurés sont allés au-delà des réquisitions en condamnant Mamoudou Diallo à dix ans de réclusion criminelle.
Mamoudou Diallo devra en outre verser des dommages et intérêts aux quatorze employés des bureaux de poste ainsi qu’à leur employeur.
A l’issue de l’audience, son avocat rouennais Me Hugues Vigier a annoncé qu’il allait faire appel de ce verdict.
Source : normandie-info