Professeur de physique depuis 2017, Moustapha Gueye a trente jours pour quitter le territoire.
La situation est pour le moins ubuesque. Moustapha Gueye, 32 ans, en France depuis huit ans, est sous contrat avec l’Éducation nationale. Il enseigne la physique-chimie à six classes du collège Gérard-Philipe et sept classes d’Arthur-Rimbaud. Son contrat court jusqu’en juin 2020 et son titre de séjour allait jusqu’en décembre 2020.
Obligation de quitter le territoire sous trente jours
Avant cela, il avait notamment enseigné, sur des contrats plus ou moins courts, à Nîmes, Béziers ou encore aux lycéens de 1re S à Joffre. À Pérols pour toute l’année scolaire 2018-2019, son contrat s’est achevé le 31 août dernier. Et il a signé ses deux nouveaux contrats le 9 septembre.
Neuf jours après, donc, neuf jours pendant lesquels Moustapha Gueye a perdu tous ses droits. Dès le vendredi 13 septembre, il a reçu de la préfecture une obligation de quitter le territoire sous trente jours avec retrait de son titre de séjour.
Son tort : ne pas avoir répondu à l’appel de l’administration… à 10 h 37. « J’étais en cours », s’excuse-t-il. Il a rappelé à 12 h 01… Trop tard. Puis réessayé, preuve à l’appui, sans succès. Voilà pour la forme.
Prof de physique : métier interdit aux Sénégalais
Et sur le fond ? Là aussi, les deux explications avancées par la préfecture échappent à Moustapha Gueye. D’abord, enseigner la physique-chimie ne serait pas dans la “liste ouverte” « de l’accord bilatéral du 23 septembre 2006 » des emplois auxquels peuvent postuler les Sénégalais…
Ensuite, la préfecture s’appuie sur le Code du travail pour dire que le recrutement aurait dû passer par Pôle emploi. Une condition qui ne satisfait pas Damien Jouve, syndicaliste du Snes, pour qui « le rectorat ne passe quasiment jamais par Pôle emploi ! C’est à la marge… »
D’autant que cela ne tient pas compte de l’urgence de la situation pour les 250 élèves de zone prioritaire privés de cours de physique-chimie pendant la première semaine de la rentrée.
Midi Libre