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Essonne : Les files d’attente interminables devant la préfecture, une triste spécificité pour les étrangers

Des associations se sont réunies devant la préfecture de l’Essonne ce mercredi. Elles dénoncent un accès impossible aux démarches administratives pour les étrangers, qui couchent sur le trottoir pour être reçus.

Devant les grilles de la Préfecture de l’Essonne, une vingtaine de personnes étrangères font déjà la queue. Ce mercredi après-midi, l’ambiance détonne pourtant un peu autour de ces demandeurs de carte de séjour. Drapeaux au vent et portes-voix en bandoulière, une cinquantaine de militants associatifs sont venus crier leur mécontentement sous les fenêtres du préfet.

Face aux files d’attente interminables et à la prise de rendez-vous impossible, selon eux, via le portail Internet, ils appellent au « respect des droits des personnes étrangères. »

« La problématique des files d’attente est spécifique à la préfecture de l’Essonne, constate Samuel, bénévole à la Cimade, association d’aide aux demandeurs d’asiles, migrants et réfugiés. En effet, à Bobigny ou Créteil (Seine-Saint-Denis), l’accueil physique n’est pas possible. On ne peut plus accepter que des personnes passent la nuit dehors pour s’assurer une place dans une file d’attente », s’insurge-t-il.

« De plus, les personnes qui parviennent enfin à déposer un dossier doivent souvent revenir, et donc subir à nouveau 24 heures voire plus de queue, reprend le bénévole. Il manque toujours un papier qui n’était pas sur la liste demandée. Il y a une volonté claire de faire traîner les choses et un manque de formation évident des agents de guichet de la préfecture. »

A 23 heures, 85 personnes déjà sur liste d’attente

Ornela, jeune Togolaise de 26 ans, subit de plein fouet ce black-out administratif. « J’ai emménagé en Essonne en juillet et j’ai entamé en septembre des démarches pour modifier mon statut d’étudiante en salariée, raconte la jeune femme arrivée en France en 2014.

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« La première fois, je suis arrivée à la préfecture à 7 heures du matin. Il y avait 100 personnes devant moi et on ne distribue pas plus de 50 à 60 tickets par jour. Le lendemain, j’ai pris le premier bus à 5 heures. À 5h30, il y avait la même attente. Je suis revenu à 23 heures pour le lendemain. 85 personnes figuraient déjà sur la liste d’attente. Je n’ai jamais pu prendre rendez-vous par Internet. Lorsque j’habitais les Hauts-de-Seine, le portail fonctionnait avec difficulté mais, au moins, on pouvait décrocher un rendez-vous. »

Les manifestants pointent également du doigt l’impossibilité de la prise de rendez-vous par Internet, désormais généralisée. Et Evry-Courcouronnes n’échappe pas à la règle selon ces militants.

Sur son site Internet, la Cimade présente des statistiques de tentatives de prises de rendez-vous réalisées par ces bénévoles. Entre janvier et septembre 2019, plus de 80 % en moyenne de ces demandes sur le portail de la préfecture de l’Essonne ont abouti à la réponse « pas de date disponible » pour un renouvellement de carte de séjour pour un salarié.

Pour les naturalisations, en 2019, 100 % des demandes de rendez-vous sans « date disponible »

Toujours selon les tests réalisés par La Cimade, les chiffres étaient bien plus favorables sur l’année 2018 où trois-quarts des demandes en moyenne débouchaient sur un rendez-vous le mois suivant. Les résultats pour des demandes de naturalisation sont sans appel. En 2019, quasiment 100 % des demandes de rendez-vous en ligne effectuées par cette association ont débouché sur « pas de date disponible ».

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« On nous répond qu’il s’agit d’un manque de moyens humains. Or, les prises de rendez-vous qui touchent d’autres thématiques comme l’automobile posent beaucoup moins de problèmes », constatent encore les militants de La Cimade. « En attendant, des personnes perdent leur emploi ou leur logement car elles ne peuvent renouveler leur titre de séjour », dénonce une représentante de Réseau éducation sans frontières (RESF).

« Il y a six mois, le secrétaire général de la préfecture avait reçu huit associations, rappelle un bénévole de l’Armée du Salut. Pour lui, il n’existait aucun problème. On nous avait assuré que les effectifs étaient suffisants pour faire face à la demande. Depuis, nous n’avons plus de nouvelles. »

La préfecture annonce davantage de créneaux

« De nouveaux créneaux de rendez-vous en ligne sont ajoutés chaque semaine sur notre site Internet », répond la préfecture de l’Essonne qui a accueilli l’an dernier plus de 125 000 personnes dans ses services de l’immigration et de l’intégration. « Les usagers qui ne seraient pas en mesure de prendre rendez-vous sur le site peuvent accéder aux guichets en se présentant directement en préfecture à 9 heures pour l’examen de leur dossier. S’il est complet, un rendez-vous est donné. »

Malgré ce dispositif, la préfecture constate encore la présentation de dossiers incomplets. « Ce qui oblige l’usager à se représenter, précise-t-elle. Une réflexion est en cours pour limiter le nombre de présentations en préfecture qu’un ressortissant étranger doit faire pour obtenir un titre de séjour. » Enfin, les moyens humains de ces services sont en augmentation. La préfecture de l’Essonne y affectait 80 agents en 2015 contre 93 cette année.

 

Le Parisien

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