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Les travailleurs sans-papiers en France affectés par la multiplication des débats sur l’immigration

Les travailleurs sans-papiers en France affectés par la multiplication des débats sur l’immigration

Les travailleurs sans-papiers « sont les oubliés », regrette auprès de l’AFP Marilyne Poulain, responsable du collectif migrants à la CGT.

A moins de deux mois de l’élection présidentielle, les débats sur l’immigration fleurissent. Traditionnel enjeu de campagne, le sujet est devenu plus électrique encore après l’entrée en lice à l’automne du polémiste d’extrême droite Eric Zemmour et la droitisation des débats. Plusieurs candidats de tous bords ont depuis multiplié les prises de paroles, suscitant parfois la polémique.

Ces débats sur l’immigration affectent les travailleurs sans-papiers. Ils « donnent la migraine » à Georgette*, d’origine ivoirienne et déjà éprouvée par deux années de pandémie, qui préfère souvent laisser sa télévision éteinte.

« C’est trop. On a l’impression qu’on est juste nuisibles, qu’on n’apporte rien à la société », s’agace cette employée d’une société de nettoyage de 36 ans, qui vit en région parisienne.

« On prend soin de leurs enfants, on prend soin de leurs parents, on prend soin de leurs maisons » dit-elle, soupirant à l’évocation du nom d’Eric Zemmour. « Je veux lui dire que quand vous arrivez dans vos bureaux propres, c’est grâce à nous ! ».

Georgette espère une régularisation par son travail, grâce à une circulaire permettant de la demander si l’on dispose d’un certain nombre de fiches de paie et d’une présence d’au moins trois ans sur le sol français.

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Mais l’angoisse du durcissement des règles contre les sans-papiers – qui sont entre 600.000 et 700.000 en France, selon le ministère de l’Intérieur – plane dans son esprit et les prises de parole sans fard d’Eric Zemmour l’inquiètent.

Touchés par la misère et la faim
Yakouba, venu du Mali il y a cinq ans, espère lui aussi la régularisation grâce à son emploi de plongeur dans un restaurant parisien, même si les délais de rendez-vous en préfecture sont parfois extrêmement longs.

En pleine épidémie de Covid-19, entre la mi-mars et la fin 2020, il a pu compter sur très peu de ressources, étant sans emploi stable et exclu du « quoi qu’il en coûte » gouvernemental. Non déclarés par leur employeur, les travailleurs au noir n’ont souvent pu toucher aucune aide du gouvernement, et donc aucun chômage partiel.

La misère et la faim ont particulièrement touché ces travailleurs enserrés par la précarité durant cette période.

« Le gouvernement a parlé de tout le monde sauf des sans-papiers, alors qu’on faisait partie des premiers de corvée, sinon on n’avait pas de revenus », s’énerve Athoumane Touré, un ancien agent de nettoyage dans le métro.

Employé de la « deuxième ligne » pendant la première vague dans un supermarché Carrefour de banlieue parisienne, Gollé Sylla, un Malien de 33 ans, confie pour sa part se sentir « complètement abandonné » par la France.

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En décembre, il a demandé à son employeur la signature d’un document indispensable à son dossier de régularisation, révélant au passage qu’il travaillait jusqu’alors sous alias, c’est-à-dire grâce aux papiers d’une autre personne en règle.

Les « oubliés »
Il s’agit d’une pratique courante chez les sans-papiers afin d’obtenir les fiches de paie nécessaires à la demande de régularisation par le travail. En 2019, 40.000 titres de séjour pour motifs économiques ont été délivrés. Mais en retour, il s’est vu notifier une procédure de rupture de contrat.

« Ce sont les oubliés », regrette auprès de l’AFP Marilyne Poulain, responsable du collectif migrants à la CGT. De plus, « en ayant tenu le pays à bout de bras ils se retrouvent stigmatisés dans une grande partie des discours des personnes qui se présentent à l’élection présidentielle ».

La syndicaliste rappelle que le gouvernement a permis en 2021 à de nombreux ressortissants étrangers mobilisés contre la crise sanitaire d’être naturalisés, mais seulement lorsqu’ils étaient en situation régulière.

Face au climat politique actuel, « on n’a pas de défense », reconnait Amadou, un Sénégalais de 30 ans, employé d’un restaurant des beaux quartiers parisiens : « On n’osera jamais aller à la télévision dire ce qu’on en pense. »

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