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Les prêtres étrangers aident à faire vivre les paroisses en Mayenne

De moins en moins de Français sont tentés par l’ordination, mais les besoins demeurent dans les églises mayennaises, alors le recours à des prêtres étrangers est devenu habituel. En 2017, leur présence est même nécessaire. De moins en moins de Français sont tentés par l’ordination, mais les besoins demeurent dans les églises mayennaises, alors le recours à des prêtres étrangers est devenu habituel. En 2017, leur présence est même nécessaire.

Les portraits des prêtres nouvellement arrivés en Mayenne fleurissent dans les pages des journaux locaux, en ce mois de septembre 2017. Certains sont Français, voire Mayennais, et reviennent de mission, comme le père Joseph Cousin, qui a passé six ans en Guadeloupe. D’autres viennent de pays étrangers pour s’installer dans nos paroisses rurales, à la demande de l’évêque de la Mayenne, Monseigneur Thierry Scherrer, du diocèse de Laval. Une façon pour lui de vivre l’universalité du catholicisme.

Du chaud Ziguinchor à la froide Mayenne
Le père Alphonse Badiane a posé ses valises dans le nord-est du département au début du mois de septembre. Il va passer trois ans dans la paroisse de Villaines-la-Juhel.

                     Ça a été très difficile, l’acclimatation. Mais bon, on y est. – Le père Alphonse

Pour le Sénégalais, le plus difficile est de s’adapter au climat mayennais, et au froid bien en avance cette année. « Le climat, ce n’était pas trop facile pour moi, confie-t-il, parce que je viens d’une zone où il fait très chaud, où les températures avoisinent les 35-45 degrés Celsius, alors qu’ici, il fait en-dessous de 20 degrés. »

Après 22 ans de prêtrise dans le département de Ziguinchor, l’homme d’Eglise voulait changer de routine. « J’ai demandé à l’évêque de me donner l’opportunité de faire une autre expérience. C’est comme ça qu’il a pris attache avec l’évêque de Laval, qui m’a proposé de venir ici. Ce que j’ai accepté de tout cœur. »

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Etudier avant d’officier
L’adaptation demeure aisée pour le Sénégalais, qui parle déjà français et pratique le rite catholique romain, le même qu’en France et qu’en Europe, car le Sénégal a été évangélise par le Vatican. Pour d’autres prêtres, le saut est plus complexe. Le père Arun John, par exemple, vient d’Inde. Il est trilingue, mais ne parle pas français. Il répond à nos questions en anglais.

C’est vraiment sympa ici, mais étudier la langue française, c’est très difficile. – Le père Arun

Le prêtre est arrivé en Mayenne en mai dernier, affecté à la paroisse Saint-Melaine-en-Val-de-Jouanne. Il suit des cours de langue intensifs à Paris. En outre, venant de l’Etat indien du Kerala, où l’Eglise catholique pratique le rite oriental syro-malabar, il doit aussi se former au rite romain.

« Les sacrements sont les mêmes mais pas les rituels, explique-t-il : la messe est un peu plus longue [dans le rite syro-malabar], elle dure environ une heure. On a beaucoup de prières et de chants, et c’est un peu plus joyeux. »
Un prêtre sur dix est étranger en Mayenne

Après une année de formation, il pourra officier, comme le père Thomas, aussi originaire du sud-est de l’Inde. Lui est arrivé en Mayenne il y a sept ans, il vient tout juste de changer de paroisse pour s’installer à Craon.

Le père Thomas est maintenant chez lui. « Je suis bien habitué, sourit-il. C’est un autre monde, complètement différent. La vie de prêtre aussi est différente alors la première année, c’est difficile de s’adapter, mais maintenant ça va, c’est bien. »

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C’est grâce à ces hommes qu’il y a plus d’une centaine de prêtres dans le département. Plus d’un sur dix est étranger. Ils sont nécessaires pour contrebalancer la crise de vocation dans l’Eglise française, où l’ordination attire de moins en moins. Dans les années 1980, la Mayenne comptait plus de 350 prêtres français. Aujourd’hui, elle est loin du compte. Plus loin encore l’époque où chaque église avait son propre curé.

Moins de monde dans les églises mayennaises
Cet éloignement du catholicisme, les prêtres étrangers ne peuvent que le constater dans les églises mayennaises, nettement moins fréquentées que celles de leurs pays d’origine. « Au Sénégal, nos églises sont pleines, et ici…, remarque le père Alphonse. C’est ce qui nous frappe dès qu’on arrive. Ce n’est pas le même nombre de fidèles. Ce n’est pas la même ambiance. »

Autre différence, le rôle du prêtre dans la société est différent. « Là-bas, chez nous, très facilement les gens nous approchent, ils nous parlent de leur vie quotidienne, de leurs difficultés, de leurs problèmes, se souvient le père Thomas. Ici, chacun est dans sa maison, un petit peu isolé. » Il regrette qu’il n’y ait pas davantage de relations de voisinage. « Chez nous, les voisins, c’est comme la famille. »

En plus de leurs difficultés d’adaptation, les prêtres doivent gérer les problèmes administratifs habituels de tout étranger résident en France. Les papiers, la ligne téléphonique, etc. Le père Alphonse va même devoir repasser son permis de conduire, son permis sénégalais n’étant pas reconnu dans notre pays. Pour l’instant, un autre prêtre le conduit dans tous ses déplacements.

Armêl Balogog

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