Les nouvelles mesures américaines de contrôle des frontières risquent de porter atteinte aux droits humains fondamentaux, a mis en garde mercredi le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Volker Türk.
« Le droit de demander l’asile est un droit humain, indépendamment de l’origine des personnes, de leur statut migratoire ou de la manière dont ils sont arrivés à la frontière », a indiqué M. Türk dans une déclaration, soulignant que ces mesures allaient « à l’encontre de l’interdiction des expulsions collectives et du principe de non-refoulement ».
La Maison Blanche a annoncé jeudi dernier de « nouvelles conséquences » pour les migrants qui franchiront illégalement la frontière: les Etats-Unis auront plus souvent recours à des expulsions immédiates, assorties d’une interdiction de nouvelle entrée sur le territoire pendant cinq ans.
Plus de 230.000 arrestations ont encore été enregistrées en novembre à la frontière Sud des Etats-Unis, un niveau record.
Jusqu’à 30.000 migrants qualifiés seront autorisés chaque mois à entrer aux Etats-Unis en provenance de Cuba, Haïti, du Nicaragua et du Venezuela, mais ils devront arriver par avion pour ne pas ajouter à la charge de travail des garde-frontières au sol.
En revanche, ceux qui franchiront illégalement la frontière seront plus facilement refoulés, selon la Maison Blanche. « Cela va élargir et accélérer les voies légales d’immigration mais entraîner des conséquences nouvelles pour ceux qui ne les utilisent pas », a-t-elle ajouté dans un communiqué.
De larges pans de l’économie américaine, notamment dans l’agriculture, dépendent de la main d’oeuvre immigrée, mais le système migratoire est au bord de la rupture.
Les migrants, soucieux d’échapper à la pauvreté ou à la violence dans leurs pays d’origine, prennent souvent d’énormes risques pour entrer sur le sol américain.
Plus de 800 personnes sont mortes lors de l’année fiscale, en grande partie noyées dans le fleuve Rio Grande, selon un responsable des garde-frontières cité par la radio américaine NPR.
Face aux critiques constantes de son opposition, mais aussi des associations de défenseurs des migrants, le président américain Joe Biden était jusqu’ici resté plutôt discret.
Son administration s’est contentée de renvoyer les migrants vers le Mexique en s’appuyant sur une mesure mise en place par son prédécesseur républicain Donald Trump pendant la pandémie. Cette mesure, baptisée « Title 42 », fait l’objet d’une intense guérilla judiciaire dont l’épilogue sera connu en juin à la Cour suprême des Etats-Unis.
« Le Title 42 a déjà utilisé par les autorités américaines responsables de l’immigration quelque 2,5 millions de fois à la frontière Sud afin d’expulser des gens vers le Mexique ou vers leur pays d’origine sans que leurs besoins en matière de protection ait été étudiés sur une base individuelle et sans qu’une procédure ait été suivie en bonne et due forme », a fait valoir le Haut commissariat de l’Onu aux droits humains.
M. Biden n’est pas le premier président à buter sur cette question épineuse qui dépend pour beaucoup des conditions dans les pays d’origine et se heurte à des positions difficilement conciliables entre démocrates et républicains.