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Le blues des Africains du quartier de Xiaobei à Guangzhou (Chine)

Le blues des Africains du quartier de Xiaobei à Guangzhou (Chine)

Contrôles d’identité parfois musclés, présence policière plus marquée… Une campagne contre les clandestins a créé un climat de suspicion dans la ville chinoise de Canton (sud), où vit la plus grande communauté africaine d’Asie.

Un étudiant ghanéen a récemment été réveillé en sursaut après minuit lorsque des policiers sont venus tambouriner à la porte de son appartement pour vérifier la validité de son titre de séjour, raconte-t-il à l’AFP.

Les agents ont ensuite frappé chez ses voisins de palier. Des contrôles menés dans le cadre d’une opération de lutte contre l’immigration illégale dans cette métropole de 15 millions d’habitants.

Pôle commercial du pays, Canton attire de nombreux Africains espérant y faire fortune. Beaucoup se sont regroupés dans le quartier de Xiaobei, parfois surnommé « Cité chocolat », en référence à la couleur de peau de ces expatriés.

Mais des commerçants et étudiants disent désormais devoir faire face à une surveillance policière accrue dans ce coin de la ville connu pour ses ruelles étroites, ses restaurants halal et ses mosquées.

« Ils font ça parce que des Africains habitent ici », déclare l’étudiant ghanéen à l’AFP sur une passerelle qui enjambe une grande artère de Canton. « J’en avais assez d’être traité comme un criminel. Alors j’ai déménagé dans un autre quartier », explique-t-il.

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Dans l’ensemble de la Chine, le nombre d’Africains expatriés a bondi au cours des dernières décennies. Un phénomène qui s’explique notamment par le renforcement des liens économiques et diplomatiques entre Pékin et le continent.

Incorrect

Canton (« Guangzhou » en mandarin) attire elle principalement des commerçants. Ceux-ci viennent y acheter des marchandises — bijoux et produits électroniques en tête — avant de les expédier vers leur pays d’origine.

Mais en janvier, l’agence de presse officielle Chine nouvelle rapportait que la population africaine de la ville avait diminué car « la police a renforcé son application des mesures contre l’immigration illégale ». Si les Africains étaient 20.000 à Canton en 2009, ils ne sont plus désormais que 15.000.

Cependant « leur nombre réel, en comptant les immigrants illégaux et les personnes ayant dépassé la limite de séjour autorisé, serait bien plus élevé », selon l’article. D’après des estimations de chercheurs chinois, le chiffre dépasserait les 150.000, ce qui ferait de Canton le siège de la plus forte communauté africaine en Asie.

En 2013, la Chine a révisé sa législation sur les résidents étrangers, renforçant les sanctions contre les travailleurs clandestins et les personnes dépassant la durée légale de séjour.

En revenant d’un rendez-vous avec des grossistes, un commerçant nigérian raconte à l’AFP avoir été menotté par des policiers dans la rue et conduit au commissariat. Motif: il n’avait pas ses papiers sur lui.

La police ne l’a autorisé à aller récupérer son passeport dans son appartement — sous bonne garde — qu’après un coup de téléphone de son propriétaire chinois, explique-t-il.

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Ce traitement musclé est « incorrect » pour un contrôle d’identité, déclare à l’AFP le commerçant, qui souhaite garder l’anonymat par peur d’éventuelles représailles.

Pas de soutien

La police de Canton et le Bureau des entrées et sorties du territoire n’ont pas répondu aux demandes de commentaires de l’AFP.

« Bien sûr, il y a des activités illégales, comme le trafic de drogue. Et la police doit cibler cette minorité de personnes », note Ohene Opoku Agyemang, doctorant en relations internationales à l’université de Jinan (est de la Chine).

« Mais le rude traitement des Africains honnêtes nuit à l’image de la Chine et aux efforts qu’elle fait pour nouer des relations amicales avec les pays africains », déclare-t-il.

Certains Africains doivent également composer avec la bureaucratie de leur pays d’origine, comme l’absence de service en ligne pour les demandes d’extraits de casier judiciaire, exigés par la Chine pour certains types de visa.

Et beaucoup souffrent d’un manque de soutien au niveau institutionnel dans le pays asiatique.

« Aucun des 55 pays africains ne dispose à Canton d’une Chambre de commerce », déplore Hannah Ryder, directrice à Pékin de Development Reimagined, un cabinet de conseil spécialisé dans les relations Chine-Afrique.

« Or, celles-ci pourraient véritablement être en mesure de suivre ce qui s’y passe ou plaider la cause des entreprises africaines », souligne-t-elle.

 

Afp

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