La Cour suprême de Turquie a ordonné jeudi 3 septembre la libération d’un avocat emprisonné en grève de la faim, une semaine après le décès d’une consœur détenue qui avait cessé de s’alimenter pendant 238 jours. L’avocat Aytac Unsal doit être «immédiatement libéré» eu égard au «danger pour sa vie que représente son maintien en prison», a affirmé la Cour suprême dans son verdict.
Âge de 32 ans, Aytac Unsal est en grève de la faim depuis 213 jours. Condamné l’an dernier à plus de 10 ans de prison pour «appartenance à une organisation terroriste», il avait entamé une grève de la faim en février avec sa consoeur Ebru Timtik pour réclamer un nouveau procès.
La mort d’Ebru Timtik la semaine dernière au 238e jour de sa grève de la faim a suscité une vive émotion dans le pays et des condamnations d’organisations de défense des droits humains. M. Unsal est membre de l’Association des avocats contemporains, spécialisée dans la défense de cas politiquement sensibles. Les autorités turques accusent cette association d’être liée à l’organisation marxiste-léniniste radicale DHKP-C, un groupe qui a commis plusieurs attentats et est qualifié de «terroriste» par Ankara et ses alliés occidentaux.
Un procès «injuste»
Un tribunal d’Istanbul avait refusé en juillet de libérer Ebru Timtik et Aytac Unsal, en dépit d’un rapport médical indiquant que leur état de santé ne leur permettait plus de rester en prison. Une demande similaire avait aussi été déposée en août auprès de la Cour constitutionnelle, sans succès. Au lieu d’une libération, Ebru Timtik et M. Unsal avaient été transférés dans deux hôpitaux différents en juillet.
Après le décès de Timtik, le barreau d’Istanbul avait dénoncé les violations du droit au procès équitable dont ont été victimes les deux avocats. Remplacement des juges qui avaient ordonné leur libération, verdict annoncé sans que la défense ait pu proprement s’exprimer: leur procès a été totalement «injuste», s’était indigné le barreau d’Istanbul.
La décision de libérer M. Unsal coïncide avec une visite qu’effectue depuis jeudi en Turquie le président de la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) Robert Spano. Ce déplacement de M. Spano en Turquie, où il s’est notamment entretenu jeudi avec le président Recep Tayyip Erdogan, a suscité des critiques en raison des violations des droits humains reprochées au pouvoir turc.