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Immigration : « Qu’on arrête de créer des situations de précarité »

Immigration : « Qu’on arrête de créer des situations de précarité »

Il est à peine 8 heures mais à quelques pas du château de Versailles, devant la préfecture des Yvelines, la file s’allonge. Des étrangers attendent pour renouveler leur carte de séjour et obtenir le droit de rester sur le sol français.

Mais pour combien de temps : un an ou dix ans ? Pour éviter aux demandeurs de revenir chaque année grossir les files d’attente les préfectures, le projet de loi relatif au droit des étrangers, voté au parlement, propose de créer une carte pluriannuelle, d’une durée de deux à quatre ans.

« Il est normal de tester les gens pendant un an ou deux, de savoir s’ils travaillent et s’investissent dans le pays. Mais après ce laps de temps, qu’on tranche : soit ils peuvent rester quelques années, soit ils doivent partir. Qu’on arrête de créer des situations de précarité », réclame Akli, un algérien de 65 ans.

« TOUS LES ÉTÉS, JE DOIS REVENIR ICI »

Face aux délais de renouvellement, les étrangers entament les démarches deux ou trois mois avant la date d’expiration de leur titre de séjour.

« On doit demander un jour de congé pour venir faire la queue ici, ce qui rappelle à notre employeur que notre situation est précaire. Cela m’a déjà coûté plus d’un CDD », témoigne Céline, 37 ans. Elle a dû renouveler sa carte « travail » six années de suite auparavant.

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Derrière elle, Stéphanie, 23 ans avec une crinière bouclée noire de jais, s’impatiente : « Même pour l’administration française, ce serait moins lourd. Tous les étés, je dois revenir ici. Avec une carte de trois ans, je serais plus tranquille et eux aussi. » Elle a la nationalité américaine, sa mère est française ainsi que ses frères et sœurs. Malgré un BTS en alternance puis un CDI, son titre de séjour « famille » de dix ans lui a été refusé pour ressources insuffisantes.

Ignace, 47 ans, vient du Congo. Il est électricien et a décidé de travailler en intérim. « C’est un choix de vie, c’est moins monotone », justifie-t-il. Conséquence, cela fait dix ans qu’il doit renouveler son titre d’un an. Sa carte de dix ans lui a été refusée parce qu’il n’avait pas de CDI, même s’il parle parfaitement français et que ses revenus sont convenables. « La naturalisation, je n’ose même pas leur demander », ajoute-t-il.

RENOUVELER SON TITRE TOUS LES ANS A AUSSI UN PRIX

Muni d’un titre de séjour d’un an, pas facile de trouver un logement. Ahmed, 47 ans, titulaire d’un titre de dix ans explique :

« Si vous avez un bon salaire, vous pourrez toujours vous loger car vous payerez le propriétaire en avance, avec un loyer souvent au noir. Quand vous n’avez pas de bon salaire et que vous ne pouvez pas justifier d’une longue durée, ça devient compliqué. »

Les choses sont un peu plus simples pour un titre « étudiants étrangers ». Rubis, originaire du Vietnam et étudiante de 22 ans en architecture, doit venir tous les ans, même si la procédure est automatisée. L’étudiante renvoie les documents par la Poste et n’a plus qu’à venir récupérer sa carte sans faire la queue. A la fin de l’année, elle voudrait rester travailler en France. Elle a une proposition de CDD de deux ans et espère que la loi passera afin d’obtenir une carte d’au moins cette durée.

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Pour tous, renouveler son titre tous les ans a aussi un prix. Une carte « travail » coûte 106 euros, un titre « vie familiale », 77 euros et « étudiant » 49 euros.

 

Source : Le Monde

 

 

 

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