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« Dahomey » de Mati Diop remporte la Berlinale et manifeste son soutien au peuple sénégalais en lutte pour la démocratie

Le festival de cinéma La Berlinale a sacré, samedi, Mati Diop, 41 ans, pour un documentaire sur la question de la restitution par les anciennes puissances coloniales d’oeuvres d’art volées en Afrique.

La Berlinale a sacré, samedi 24 février, la réalisatrice franco-sénégalaise Mati Diop, 41 ans, pour son film documentaire Dahomey. Il traite d’une question d’actualité liée au passé colonial des grandes puissances européennes : la restitution des œuvres d’art volées en Afrique. Ici, le film raconte la restitution en novembre 2021 au Bénin de 26 œuvres pillées en 1892 par les troupes coloniales françaises.

« Nous pouvons soit oublier le passé, une charge désagréable qui nous empêche d’évoluer, ou nous pouvons en prendre la responsabilité, l’utiliser pour avancer », a déclaré Mati Diop en recevant son prix, après avoir cité l’intellectuel martiniquais Aimé Césaire.

« En tant que Franco-Sénégalaise, cinéaste afrodescendante, j’ai choisi d’être de ceux qui refusent d’oublier, qui refusent l’amnésie comme méthode », a-t-elle poursuivi, citée par l’AFP. La réalisatrice, fille du musicien sénégalais Wasis Diop, et d’une mère travaillant dans l’art, qui est née et a grandi à Paris, avait déjà remporté, à Cannes en 2019, pour Atlantique le Grand prix, la plus haute distinction après la Palme d’Or.

Le jury de la Berlinale était présidé par l’actrice mexicano-kényane Lupita Nyong’o, première personnalité noire à occuper ce poste prestigieux.

Que le film soit « vu dans un maximum de pays africains »
Pour raconter l’histoire de 26 œuvres pillées en 1892 par les troupes coloniales françaises au royaume du Dahomey, dans le centre-sud du Bénin actuel, composé alors de plusieurs royaumes, Mati Diop fait parler en voix off la statue anthropomorphe du roi Ghézo.

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Dans la langue du Bénin, le fon, il se plaint de ne plus porter de nom, seulement un numéro, « le 26 », dans les réserves du musée du quai Branly à Paris. Il décrit son arrachement à sa terre, sa vie en exil, puis son récent rapatriement dans un musée de Cotonou, la capitale du Bénin.

La réalisatrice a confié à l’AFP qu’elle aimerait que son film soit « vu dans un maximum de pays africains », » dans les écoles et les universités ».

Il s’agit du deuxième film africain à recevoir l’Ours d’or (après le sud-africain U-Carmen e-Khayelitsha (Carmen de Khayelitsha) de Mark Dornford-May en 2005). Mati Diop succède au Français Nicolas Philibert, Ours d’or l’an dernier.

Mati Diop ajoute aussi son nom à une jeune garde de réalisatrices françaises qui cumulent les prix majeurs ces dernières années : Julia Ducournau (Palme d’Or à Cannes en 2021), Audrey Diwan (Lion d’or à Venise la même année), Alice Diop (deux prix à Venise en 2022) et bien sûr Justine Triet, qui vient de dominer les César après avoir remporté la Palme d’Or l’an dernier à Cannes et est en lice pour les Oscars.

D’autres prix
Le jury de la 74e Berlinale a également récompensé l’acteur roumano-américain Sebastian Stan (A Different Man), prix de la meilleure interprétation. Il a décerné son Grand prix du jury à un grand habitué du festival, le réalisateur sud-coréen Hong Sang-soo pour un film avec Isabelle Huppert (A Traveller’s Needs), et son prix du jury à L’Empire de Bruno Dumont (sorti mercredi dans les salles françaises).

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