La cour d’appel de Paris a confirmé jeudi 21 janvier le non-lieu pour cause de légitime défense dont a bénéficié un policier qui était poursuivi pour la mort en 2018 d’un jeune homme noir, Gaye Camara, à Epinay-sur-Seine en Seine-Saint-Denis, a affirmé une source judiciaire.
La chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris a aussi refusé les nouvelles demandes d’actes de la famille de la victime, a précisé la même source. «Je m’y attendais, ce n’est pas une surprise. La justice protège ce policier, elle ne veut pas donner les éléments qui permettent de dire la vérité.
Tous les actes que notre avocat a demandés, la justice ne veut pas les donner», a réagi Mahamadou Camara, le frère de Gaye. «On va aller en cassation, jusqu’à la Cour européenne (des droits de l’Homme) s’il le faut», a-t-il ajouté. Sollicité par l’AFP, l’avocat de la famille n’a pas souhaité s’exprimer.
Originaire de Seine-et-Marne, Gaye Camara, 26 ans, avait été tué d’une balle dans la tête au cours d’une opération de police, alors qu’il se trouvait au volant de sa voiture, dans la nuit du 16 janvier 2018 à Epinay-sur-Seine.
En août 2019, un juge d’instruction avait rendu un non-lieu au bénéfice du policier qui avait ouvert le feu, estimant qu’il avait agi en état de légitime défense. La famille de Gaye Camara avait fait appel de cette décision. Elle réclame depuis l’ouverture d’une «vraie enquête» sur les circonstances de la mort de la victime et une reconstitution des faits.
Dans une enquête publiée lundi, le média d’investigation Disclose, en partenariat avec l’agence d’expertise Index, a estimé qu’il existait «un doute sérieux sur la réalité de l’état de légitime défense du policier mis en cause».
En janvier 2018, Gaye Camara, 26 ans, est tué par un tir de la police à Épinay-sur-Seine. Modélisation 3D à l’appui, @Disclose_ngo et @index_ngo ont reconstitué le déroulé des évènements. Notre enquête remet en cause la thèse officielle : la légitime défense du policier. pic.twitter.com/t8kOiwpc4I
— Disclose (@Disclose_ngo) January 18, 2021
Disclose a expliqué s’être appuyé sur des preuves recueillies pendant l’enquête judiciaire et des éléments de l’audition du policier devant l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) pour modéliser la scène de l’incident.
Ce travail montre qu’au moment du tir, «le policier n’est pas face à la voiture de Gaye Camara», qui «n’est donc pas en train de lui foncer dessus», a conclu le média. «Cette enquête indépendante prouve que mon petit frère a été abattu», a affirmé Mahamadou Camara.
Contacté par l’AFP, l’avocate du policier n’était pas joignable dans l’immédiat.