Amnesty international procédait hier, mardi, au lancement de son rapport annuel 2022-2023. Le Directeur d’Amnesty Sénégal a profité de la présence de la presse, pour avertir l’Etat du Sénégal sur toute utilisation abusive du bracelet électronique. Comme il a tenu à attirer l’attention des pouvoirs publics sur les dérives dites « liberticides ».
Longtemps annoncé, le bracelet électronique a finalement fait son apparition dans le paysage judiciaire sénégalais, ces derniers temps. Suite à leur arrestation après des manifestations interdites, des cadres de Pastef (parti de l’opposition), comme Wally Diouf Bodian ou encore El Malick Ndiaye, ont bénéficié d’une liberté sous contrôle judiciaire avec bracelet électronique.
Ce qui, aux yeux de certains observateurs comme le Directeur de Amnesty International Sénégal, ressemble à une volonté d’humilier les membres du principal parti de l’opposition.
« Nous estimons que pour des personnalités publiques connues comme de hauts fonctionnaires de l’Etat, leur mettre un bracelet électronique est totalement inutile. Pis, non seulement le bracelet est trop gros, mais à chaque fois qu’il est mis à quelqu’un, l’information est diffusée », a déclaré Seydi Gassama hier, mardi 28 mars, lors de la conférence de presse dans le cadre du lancement du rapport annuel 2022-2023 d’Amnesty international, à Dakar.
Pour le Directeur d’Amnesty Sénégal, récupérer le passeport du prévenu et lui demander de se présenter au juge chaque semaine ou chaque mois, suffit largement. D’autant plus que les personnes en question n’ont pas commis de crime ou de délit grave. M. Gassama qui confie faire partie de ceux qui ont toujours défendu l’idée de la mise en place du bracelet électronique, invite les autorités à ne pas en abuser.
LIBERTES BAFOUEES
Des «dérives» du régime actuel préoccupent par ailleurs le droit-de-l’hommiste et son organisation, Amnesty international. Seydi Gassama déplore en effet une liberté d’expression bafouée, avec des arrestations récurrentes de journalistes et de militants de l’opposition pour injures ou diffamation.
Selon lui, l’Etat du Sénégal doit réformer sa législation et supprimer les peines de prison pour le délit de diffamation et tous les délits portant atteinte à l’honorabilité des personnes, pour se conformer à la Cour africaine des droits de l’Homme et des peuples et la Cour de justice de la CEDEAO qui considèrent que les peines privatives de liberté pour les délits portant sur l’honorabilité des personnes étaient disproportionnées et qu’elles portaient atteinte à la liberté d’expression garantie par la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples et le droit international.
Le Directeur d’Amnesty international Sénégal condamne le recours à la force par l’Etat lors des manifestations et les tortures dont des manifestants sont parfois victimes. Ce recours à la force entraine souvent des pertes en vies humaines. Seydi Gassama a déploré dans la foulée l’absence d’enquête, à chaque fois qu’il y a eu mort d’homme lors d’une manifestation ou dans les lieux de détention.
Babacar NGOM