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Mort de migrants guinéens et nigérians en 2018: les deux enquêtes classées sans suite par le parquet de Gap

Mort de migrants guinéens et nigérians en 2018: les deux enquêtes classées sans suite par le parquet de Gap

Ce lundi 6 mai, le parquet de Gap a classé sans suite, au motif « absence d’infraction », les deux enquêtes diligentées du chef de « recherche des causes de la mort » portant sur les décès en 2018 de deux migrants dans les Hautes-Alpes.

Blessing Matthew est décédée le 7 mai 2018. Elle était tombée dans la Clarée au niveau de la Vachette à Val-des-Prés en voulant échapper à un contrôle des forces de l’ordre. Le corps de la Nigériane avait été repêché plusieurs kilomètres en contrebas, dans la Durance, au niveau du barrage de Prelles à Saint-Martin-de-Queyrières, deux jours plus tard.

Selon le procureur de la République de Gap, Raphaël Balland, « de très nombreuses investigations ont été diligentées par la section de recherches de la gendarmerie nationale de Marseille et la compagnie de gendarmerie nationale de Briançon », indique-t-il dans un communiqué de presse. « Elles ont permis d’établir avec certitude l’identité de la victime comme étant Blessing Matthew, née le 2 septembre 1997 au Nigéria, décédée par noyade selon les constatations médico-légales ».

« Les gendarmes mobiles s’étaient fait identifier à haute voix »
Toujours selon le procureur de la République, la jeune femme aurait « franchi illégalement la frontière dans la nuit du 6 au 7 mai 2018 par un passage indéterminé avec un groupe initialement composé de huit migrants. Puis, le groupe s’est scindé et la jeune femme n’était alors accompagnée plus que par deux autres hommes lorsqu’elle est arrivée à pied à hauteur du village de La Vachette (commune de Val-des-Prés) vers six heures du matin. Les trois migrants sont alors aperçus par une patrouille de gendarmes mobiles déployée dans le cadre d’une mission administrative de surveillance de la zone frontalière ».

Le parquet a missionné la section de recherches (de la gendarmerie nationale de Marseille) de déterminer précisément les conditions de ce contrôle. « Après des investigations minutieuses et l’audition de tous les gendarmes concernés, poursuit le communiqué, la Section de Recherches a établi que les gendarmes mobiles s’étaient fait identifier à haute voix aux fins de procéder au contrôle de ces trois personnes qui s’étaient alors enfuies en courant en ordre dispersé vers le centre du village. Les gendarmes n’ont distingué que trois silhouettes dans la nuit, sans déceler qu’il y avait une femme. Conformément aux directives générales de leur commandant d’unité, ils n’ont pas entamé de course-poursuite, mais ont mis en œuvre un dispositif de recherche des trois migrants dans la zone de fuite, avec l’appui de renforts à pied et en véhicule », détaille le communiqué.

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« Les circonstances précises dans lesquelles Blessing Matthew aurait chuté dans la Durance demeurent donc inconnues en l’absence de témoignage direct »
« Lors de la tentative de contrôle, les gendarmes ne sont pas parvenus à localiser Blessing Matthew, ni dans le village, ni aux abords de la Durance, malgré leurs recherches. Les circonstances précises dans lesquelles Blessing Matthew aurait chuté dans la Durance demeurent donc inconnues en l’absence de témoignage direct.

Le 25 septembre 2018, par l’intermédiaire d’avocats, une sœur de Blessing Matthew domiciliée en Italie a déposé une plainte contre X des chefs d’homicide involontaire, mise en danger de la vie d’autrui et non-assistance à personne en danger, accusant les forces de l’ordre d’avoir tendu un « véritable guet-apens » à l’encontre de personnes vulnérables dans un endroit dangereux.

Cette plainte évoque notamment le témoignage du prénommé Hervé, qui aurait pris la fuite avec Blessing Matthew : le parquet a donc sollicité davantage de renseignements par un courrier du 5 octobre 2018 adressé à l’avocate de la plaignante pour tenter de faire entendre ce témoin, en vain. Au terme de ses investigations, la Section de Recherches de Marseille conclut à l’absence d’infraction susceptible d’être retenue à l’encontre des gendarmes mobiles. À la suite d’un examen approfondi de la procédure, le parquet de Gap a décidé de la classer sans suite. »

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Pour Mamadi Conde, « aucune infraction n’était susceptible d’être retenue à l’encontre de quiconque »
La deuxième enquête diligentée concerne le décès de Mamadi Conde, dont le corps a été retrouvé le 18 mai 2018 par des promeneurs dans une forêt sur la commune de Montgenèvre, aux Alberts, au pied du col, à l’entrée de la vallée de la Clarée.

« À la suite de cette découverte, les gendarmes de la brigade de recherches de la compagnie de Briançon ont diligenté de très nombreuses investigations permettant d’identifier finalement la victime qui se nommerait Mamadi Conde, né le 1er janvier 1975 à Mankonon, en Guinée, explique le procureur de la République. L’autopsie et les examens postérieurs ont révélé que le décès n’était pas d’origine traumatique et à l’issue de l’enquête, aucune infraction n’était susceptible d’être retenue à l’encontre de quiconque. Cette procédure a donc été classée sans suite par le parquet de Gap. »

Deux autres migrants ont été retrouvés morts dans les Hautes-Alpes en 2018 et 2019. Le 25 mai 2018, sur le versant italien du col de l’Échelle, à l’entrée de la Vallée étroite, la fonte des neiges a fait apparaître un cadavre dans un état de décomposition avancée. L’homme, probablement un migrant, ne portait pas de papier. Selon la police italienne, le corps découvert par un chasseur aurait passé tout l’hiver là.

Le 7 février 2019, un chauffeur-routier repérait le corps d’un migrant dans la neige le long de la RN94 à La Vachette sur la commune de Val-des-Prés, entre Montgenèvre et Briançon.

Le décès de la victime, un Togolais de 28 ans selon toute vraisemblance, a été officiellement constaté une heure plus tard au centre hospitalier des Escartons. Dans le cadre d’une enquête recherchant les causes et les circonstances du décès, l’autopsie a révélé l’absence de lésion traumatique externe et une probable mort par hypothermie.

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