Près de 200 personnes, pour la plupart des travailleurs sans-papiers, installées dans un bâtiment appartenant à l’État à Montreuil (Seine-Saint-Denis), ont été expulsées mardi matin, a déploré la mairie communiste qui dénonce un « acte arbitraire et inhumain ».
« On se doutait que l’État allait faire un acte fort avant la trêve hivernale » qui débute jeudi, a regretté la mairie de Montreuil. « C’est un acte arbitraire et inhumain », a ajouté le maire, Patrice Bessac, dans un communiqué.
Selon la préfecture de Seine-Saint-Denis, « 190 personnes ont été évacuées ce matin, certains seront pris en charge dans des modulaires, les autres sont éligibles au 115 ».
Depuis septembre 2018, 300 personnes, la plupart des travailleurs sans-papiers, étaient installées dans d’anciens locaux de l’Agence nationale pour la formation professionnelle des adultes (Afpa), après avoir été évacuées de l’ex-foyer Bara.
Un foyer « indigne » selon le maire
Ce foyer de travailleurs migrants, ouvert en 1968, était devenu « indigne » pour y vivre selon le maire, qui avait alors réquisitionné les 15 000 m2 de bureaux vides de l’Afpa pour loger tous les résidents.
Cette réquisition par le maire avait été jugée illégale par la justice administrative un mois après, en octobre 2018, mais l’expulsion n’avait pas encore eu lieu. Depuis, la préfecture et le gestionnaire du lieu Coallia ont installé des logements modulaires sur un terrain réquisitionné par l’État, permettant d’accueillir certains résidents.
Une expulsion « pas acceptable »
Pour Alexis Corbière, député LFI de Seine-Saint-Denis, « l’expulsion n’est pas acceptable » et « à la veille de la trêve hivernale, le préfet de Seine-Saint-Denis ne règle aucun problème, mais il les aggrave », a-t-il dit sur Twitter.
Les locaux de l’Afpa doivent accueillir d’ici 2024 le nouveau tribunal administratif de Montreuil et la Cour nationale du droit d’asile.
Le Premier ministre Édouard Philippe est attendu jeudi à Bobigny pour faire des annonces autour de l’éducation, la justice et la police dans ce département, le plus pauvre de France.
Ouest France