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Marie Gueye, Première femme noire élue au conseil général du Finistère

Marie Gueye

Marie Gueye, d’origine sénégalaise, a adhéré au parti socialiste en 2006. Travailleur social en foyer éducatif, elle est aussi militante CGT action-santé. Sensible et obstinée, franche et chaleureuse, Marie Gueye est une femme de convictions qui entend bien faire entendre sa voix au sein de l’assemblée départementale.

« Souilleurs de notre peuple, les socialistes présentent une Africaine à Brest ». 

C’est ainsi que les racistes et fascistes du journal « Breiz Atao » qui signifie « Bretagne toujours » avait traité la candidature aux cantonales de la première femme noire élue au conseil général du Finistère. Pour les brestois de la mouvance de  « Breiz  Atao », la  mise en avant de la diversité dans la région, participe du « remplacement de la population ». Une menace donc, une « Afro-islamisation » des terres bretonnes. Le contenu de l’article est éloquent et particulièrement « immonde »

À la proclamation des résultats, Marie Gueye avait laissé couler une larme. Puis elle a embrassé d’un regard franc l’équipe qui l’avait soutenue. La conseillère générale ne sait pas faire semblant. Mais derrière cette grande sensibilité se cache une battante qui s’est endurcie au fil d’un parcours pas toujours facile.

«J’ai été élue parce que je défends des valeurs, pas pour ma couleur. Je sais que je suis la première femme noire à entrer au conseil général du Finistère. C’est une situation très forte, je l’admets. Et si ma démarche peut montrer à certains que lorsqu’on veut vraiment s’intégrer, c’est possible… Tant mieux. Mais je ne suis pas un symbole et je ne veux pas être considérée comme tel».

Marie Gueye a depuis digéré sa victoire et le flot d’émotions qui l’a accompagnée. Cette victoire, c’est à sa maman qu’elle l’avait dédiée secrètement.

Cette maman de quatre enfants, mère au foyer, qui a mis du sens derrière le verbe militer. Cette mère courage qui à Dakar, avec des copines, avait soutenu la campagne d’une femme analphabète à la députation. «Et elle a été élue. Elle ne savait pas écrire mais elle avait des idées et une vraie énergie. À l’assemblée, elle avait un interprète, c’est tout», se souvient Marie Gueye qui, à l’époque haute comme trois pommes, a suivi les meetings et fait du porte-à-porte. Très vite, elle a défendu l’idée que les femmes n’étaient pas des potiches.

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Et dès son arrivée en France, elle a su qu’elle ne resterait pas les bras croisés. C’était en 1990. Avec deux bébés dans ses bagages, elle a suivi son mari maintenant retraité de l’armée de terre. Et elle a posé ses valises à Recouvrance. Deux autres enfants sont nés depuis de cette solide union. Et tous ont suivi leur scolarité dans ce quartier de la rive droite de Brest. «Il y avait un sacré décalage avec l’Afrique. Mais les gens sont venus vers nous. Je n’ai jamais senti d’animosité et je m’y suis vite sentie comme chez moi», se rappelle Marie Gueye.

«Aujourd’hui, je le revendique: je suis française et me sens bretonne. Les Bretons ont ça en commun avec les Sénégalais: ils ne donnent pas leur confiance facilement mais quand ils vous adoptent, c’est du vrai, c’est entier».

Première femme noire élue au conseil général

Comptable de formation, c’est dans le secteur social que Marie Gueye a trouvé sa voie. Responsable de la logistique d’un foyer éducatif, elle s’est aussi engagée dans le milieu syndical.

«La politique m’a toujours attirée mais je pensais naïvement que les partis étaient des sphères hermétiques, réservés à une certaine élite».

Et puis, il y a eu 2002. «Un séisme! J’ai vraiment eu envie de me rendre utile». Elle a alors pris son courage à deux mains et poussé la porte de la section PS pour prendre sa carte.

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Des responsables locaux l’ont prise sous leur aile. En 2008, ils lui ont demandé de rejoindre l’équipe Cuillandre pour les municipales. À l’aube de ses 47 ans, ils l’ont invitée à se lancer en son nom pour ces cantonales.

«J’appréhendais cette campagne et me suis demandé pourquoi le Parti socialiste avait osé choisir quelqu’un de couleur… Une femme, en plus? Nous étions quatre candidats pour les primaires. Les militants ont voté et le résultat était sans appel. J’en suis fière et me sens légitime. J’arpente ce quartier tous les jours, je connais les préoccupations des gens, je les vis».

Cette proximité et son sens du contact ont sans doute agacé des détracteurs politiques qui se sont lâchés sur le web. «Je ne veux pas en parler. J’ai eu peur…Pour ma famille, plus que pour moi. Mais on en a beaucoup parlé entre nous et on s’est serré les coudes. Ce n’est qu’une parenthèse dans une campagne qui m’a touchée, qui m’a portée, et que je n’oublierai jamais».

Confortée par 61,98% des suffrages, Marie Gueye refuse d’être placée sur un piédestal et défend «le travail d’une équipe, soudée et déterminée».

Au conseil général, elle le sait, elle est observée et attendue au tournant.

«Je suis quelqu’un de fidèle. Mais j’ai des principes, des convictions et j’entends, si possible, les défendre au sein de cette assemblée».

 

Source : Le Télégramme

 

 

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