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Mamadou Coulibaly à Pescara: Quand on a traversé la mer en pensant mourir…

Mamadou Coulibaly à Pescara: Quand on a traversé la mer en pensant mourir…

Parti de Dakar en clandestin en mars dernier, Mamadou Coulibaly, un jeune joueur sénégalais de 17 ans, vient de signer son premier contrat pro en Série A, la première division italienne.

Il a beau la regarder fixement, la mer Adriatique ne ressemble guère à l’océan Atlantique de son enfance. En cette fin d’automne, la neige encercle Pescara. Pourtant, le froid de la cité des Abruzzes ne risque pas de mordre Mamadou Coulibaly. Ce jeune Sénégalais a seulement 17 ans, mais son destin a basculé en neuf mois. Parti de Dakar en clandestin, en mars dernier, le voilà désormais professionnel à Pescara, un club italien de Série A !

« Mon histoire est belle, je sais, mais elle en est juste à ses débuts », lance-t-il dans un mélange de français et d’italien. « Mon père est professeur à Dakar. Je ne voulais pas étudier, confie-t-il. Je ne pensais qu’au foot et je me trouvais bon dans les petits tournois organisés après les cours. Face à certains pros sénégalais, j’étais pas mal. Je croyais en moi. »

Le nouveau Paul Pogba

Ce trait de caractère va se transformer en ligne de fuite. « J’ai décidé de m’évader de ma vie et j’ai pris un bus pour le Maroc sans rien dire à personne, raconte-t-il. Là-bas, j’ai embarqué sur un bateau plein de migrants. Je n’avais pas d’argent, mais j’ai dit à un type : Aide-moi et je suis monté. Pendant les deux jours de traversée, j’ai eu peur de mourir. On a débarqué dans un port italien dont j’ai oublié le nom. Je savais que j’avais fait le plus dur et que je ne reviendrais pas en arrière. » Il prend alors un train, sans billet, pour Grenoble où il réside chez une tante. « Très vite, elle n’a plus eu les moyens de me garder. Elle m’a présenté à un type qui m’a emmené à Roseto. »

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Dans cette petite cité, à 20 kilomètres de Pescara, le directeur sportif du club local repère vite que ce grand costaud de 1,87 m sait manier le ballon. Il le conduit au centre de formation du Delfino Pescara. Au bout de deux jours d’entraînement, les dirigeants sont unanimes : « On s’est dit qu’on avait devant nous le nouveau Pogba », souffle Giuseppe Geria, le patron de la communication du club. Pendant quelques mois, le club le teste et régularise sa situation en lui obtenant un permis de séjour. Massimo Oddo, l’entraîneur de l’équipe première, champion du monde avec la Squadra Azzura en 2006, donne ensuite son feu vert pour un contrat professionnel de trois ans paraphé par Coulibaly fin novembre.

« On me dit que je ressemble à Paul Pogba car j’ai la même corpulence et je joue milieu de terrain, explique-t-il. Au début, je rêvais de jouer en France mais mon modèle c’est Yaya Touré (NDLR : l’international ivoirien de Manchester City). Le club compte me faire débuter avec l’équipe première en 2017. Cela ne me fait pas peur. Quand on a traversé la mer en pensant mourir, on ne craint rien. »

En Italie, Mamadou Coulibaly est seul. Après les séances d’entraînement au centre de Citta San’Angelo, sur les hauteurs de Pescara, il retourne dormir à Roseto. Sa famille lui manque. « Je l’ai laissée longtemps sans nouvelles, je le reconnais, avoue-t-il. Et un jour, j’ai téléphoné à ma mère pour lui dire que j’allais bien et que j’allais vivre du football en Italie. Elle était inquiète comme toutes les mères. Quant à mon père, il en a fini avec la colère. Aujourd’hui, il est, je crois, fier de moi. Il ne se doutait pas à quel point il avait un fils entêté. Je rêve de les faire venir en Italie. Et maintenant, on parle de moi à Dakar. Mais je veux être connu dans le monde entier. »

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Le Parisien

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