Le défenseur d’un club amateur de Seine-Saint-Denis, engagé au 4e tour, est en situation irrégulière. Il raconte son quotidien.
Son sourire permanent contraste avec ce qu’il vit. Samba* est un sans-papiers et ses journées sont parfois rythmées par des petits boulots.
Ce défenseur d’un club amateur de Seine-Saint-Denis, engagé ce dimanche au 4e tour de la Coupe de France, s’y rend avec la boule au ventre de peur d’être contrôlé par la police.
Comme il y a quelque mois lorsqu’un de ses amis a grillé un feu rouge au volant de sa voiture. Samba occupait le siège passager. « J’ai eu la peur de ma vie, confie le Sénégalais de 23 ans. Heureusement que le policier nous a laissés repartir sans vérifier mes papiers sinon je repartais au pays. »
Arrivé en France en provenance de Dakar en juillet 2017, Samba se trouve désormais en situation irrégulière depuis l’expiration de son visa d’une durée d’un mois. La plupart de son temps, il traîne chez sa tante qui l’héberge, à attendre que la journée passe. « Parfois je me dis, mais qu’est-ce que je fais ici ? Quelle serait ma vie au Sénégal ? C’est très long une journée quand tu ne fais que penser… »
Le football est son unique rayon de soleil. Un sport qu’il a pratiqué durant toute sa jeunesse à Rufisque, près de Dakar, dans la rue ou sur le sable. Mais jamais dans un club. « Ma mère m’inscrivait même dans les cours du soir pour éviter que je joue au foot, se souvient le 2e d’une fratrie de 3, orpheline de père. Pour elle, la priorité, c’était les études et rien d’autre. »
«Beaucoup dans sa situation aurait fait des conneries»
Samba a redécouvert le foot en Seine-Saint-Denis l’an passé dans les city stades. Un ami de son cousin lui propose de se rendre à une détection d’un club pour rencontrer du monde et se créer une vie sociale. Après un seul entraînement avec la réserve, Samba est sollicité par le coach de l’équipe fanion. Grâce à son passeport, il signe une licence puis participe à presque tous les matchs sans en perdre un seul.
« C’est incroyable de voir une telle progression en aussi peu de temps, il y est pour beaucoup dans notre titre de meilleure défense l’an passé, assure son entraîneur. C’est dur de le voir galérer. Beaucoup dans sa situation aurait fait des conneries mais Samba veut y arriver proprement. » « Dans le club de foot d’aujourd’hui, les notions de responsabilité sociale, d’épanouissement du licencié et de performance sportive ne sont pas incompatibles », ajoute son président.
Samba s’entraîne désormais tous les jours de la semaine soit avec l’équipe fanion soit avec la réserve. Une parenthèse enchantée dans une vie compliquée. Car chaque lendemain matin, la dure réalité et les soucis reviennent à la surface.
« Parfois, je rêve d’être pro, car j’aurais plus facilement des papiers, ce serait la fin des problèmes, mais je sais que c’est impossible, considère-t-il. Bien sûr qu’on aimerait tous avoir une destinée à la Mamoudou Gassama(NDLR : naturalisé quelques jours après avoir secouru un enfant), mais cela arrive une fois tous les 10 ans. Pour l’instant, c’est dur de vivre et de se montrer patient. Mais, je ne veux pas précipiter les choses, je veux m’en sortir mais uniquement en suivant une voie légale. »
*Le prénom a été changé
Le Parisien