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La route de l’Afrique vers les Canaries de plus en plus empruntée

La route de l’Afrique vers les Canaries de plus en plus empruntée

En 2020, la route migratoire vers les îles Canaries (Espagne) a atteint un niveau de fréquentation jamais vu depuis 2006. La faute aux décisions politiques prises des deux côtés de la Méditerranée et à la pandémie.

Début décembre, le Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR) des Nations Unies recensait 21 028 personnes ayant rejoint les îles Canaries par la mer depuis janvier 2020. Du jamais vu depuis 2006, année au cours de laquelle 30 000 migrants avaient débarqué sur l’archipel espagnol de l’océan Atlantique.

Selon le lieu de départ, la durée de la traversée s’échelonne entre un et douze jours. Une navigation plus longue que sur la route de la Méditerranée centrale, mais un voyage globalement plus rapide car la circulation entre les pays du Sahel est quasi libre. Par la Libye, au contraire, le trajet peut durer plusieurs années.

Néanmoins, pourquoi un tel afflux par ces eaux dangereuses après une année 2019 où seulement 2 600 personnes ont débarqué aux Canaries ? « Pour des raisons essentiellement politiques, avance Aldo Liga, analyste indépendant sur les questions migratoires. ​En arrivant à la tête de l’Espagne en 2018, Pedro Sanchez a noué de nouveaux accords avec le Maroc et les contrôles ont été renforcés au nord du pays, ce qui pousse les candidats au voyage à emprunter d’autres routes. »

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La pêche touchée par la crise mondiale
Les accords de surveillance entre l’Union européenne et Tripoli, et la sinistre réputation de la Libye comme terre de transit, ont aussi pu détourner les candidats au départ vers l’Atlantique. La situation politique particulièrement instable du Sahel intérieur (Mali, Niger…) a également contribué à ce glissement.

« Même s’il est difficile d’établir un lien direct avec la situation au Sahel, beaucoup de personnes fuient les conflits, constate Céline Schmitt, porte-parole du HCR en France. ​Elles veulent échapper aux persécutions, aux mariages forcés, et craignent des recrutements contre leur gré… »

Mais c’est surtout la crise sanitaire et économique qui a été un élément déclencheur de ce vaste exode affectant notamment les gens qui, plus ou moins directement, vivent de la mer. La pêche sénégalaise – essentiellement artisanale et dont dépendent 600 000 personnes –, déjà confrontée à l’octroi de licences à des navires étrangers, a dû faire face à une chute de ses exportations et à la baisse de la demande locale. Tout comme le Maroc et la Mauritanie, où le secteur représente 2,5 et10 % du produit intérieur brut.

Enfin, sans la manne qu’apporte chaque année un million et demi de touristes au pays de la Teranga, des dizaines de milliers de Sénégalais ont vu leurs revenus s’effondrer. Mêmes effets au Maroc, qui a dû se passer de ses 13 millions de visiteurs annuels. Dont beaucoup se sont rabattus vers les îles Canaries…

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