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 Djiby, rescapé de la route migratoire : « Il faut développer des projets en Afrique et arrêter de rêver d’Europe »

À 24 ans, Djiby Dia a tout quitté pour tenter d’atteindre l’Europe. Après un mois sur la route, le voyage du Sénégalais s’arrête en centre de rétention en Libye. De retour dans son pays, le jeune homme tente à travers ses chansons de décourager les candidats à l’exil.

Je m’appelle Djiby Dia, j’ai 25 ans et je vis à Dakar, au Sénégal. En 2015 alors que j’étais étudiant, j’ai tenté avec cinq amis de me rendre en Europe.

Le trajet du Sénégal à la Libye a duré un mois et était très difficile. J’ai vu des gens mourir de faim car ils n’avaient pas d’argent sur eux. Sur la route, il faut savoir qu’on te prend ton argent de force. Certains sont donc obligés de travailler, au Niger ou au Burkina Faso par exemple, pour payer les passeurs.

La route du désert – du Niger à la Libye – était éprouvante. Nous étions une trentaine de personnes dans la voiture et la chaleur écrasante est très difficile à supporter. Il fallait être discret et trouver des ruses pour ne pas se faire repérer par les autorités libyennes. J’ai plusieurs fois eu très peur d’être arrêté.

Quand mes amis et moi sommes arrivés en Libye, nous avons tenté de traverser la Méditerranée pour aller en Italie. Nous étions une centaine à attendre au bord de la mer pour embarquer dans un petit canot quand les garde-côtes libyens nous ont interpellés et nous ont envoyés dans un centre de rétention. Là-bas, les conditions de vie sont atroces : les migrants sont entassés dans une petite pièce, sans pouvoir se déplacer. Nous sommes privés de nos libertés. C’est comme une prison.

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J’ai réussi à en sortir au début de l’année 2016 car j’ai été rapatrié au Sénégal avec l’aide de l’Organisation internationale pour les migrations. Depuis, je sensibilise les jeunes aux dangers de l’exil à travers mes chansons. Mon nom de scène est Big Makhou Djolof.

Je dis à ceux qui sont happés par le mirage européen qu’il vaut mieux rester dans son pays que de risquer sa vie sur la route de l’exil. Il faut rester chez soi, croire en son pays et y développer des projets. On peut tenter d’immigrer de manière légale, mais il faut arrêter de s’aventurer sur le chemin de l’immigration irrégulière. C’est trop dangereux. Trop de personnes sont mortes en espérant une meilleure vie en Europe. Or, il y a des choses à faire en Afrique : dans l’élevage ou l’agriculture par exemple. Il faut simplement y croire et arrêter de rêver d’Europe.

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