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Ivry : Jean-Pierre Baro démissionne du Théâtre des quartiers

Ivry : Jean-Pierre Baro démissionne du Théâtre des quartiers

Visé par une plainte pour viol, qui a été classée sans suite, le metteur en scène a annoncé, jeudi, qu’il quittait son poste de directeur afin de « préserver » l’image du TQI.

La nouvelle est arrivée par le biais d’une dépêche de l’Agence France-Presse (AFP), jeudi 12 décembre, vers 17 heures : le directeur du Théâtre des quartiers d’Ivry (TQI), Jean-Pierre Baro, 39 ans, a annoncé sa démission. Le metteur en scène avait été visé par une plainte pour viol, déposée en septembre 2018 par une jeune femme, administratrice dans le spectacle vivant, qui a souhaité garder l’anonymat.

Si la plainte a été classée sans suite en mars, le climat n’a cessé de se dégrader au sein du TQI depuis le début de l’année. « Je suis au clair avec ma conscience. Je ne renonce à la direction du Théâtre des quartiers d’Ivry que pour préserver cette magnifique institution, mais je ne laisserai ni salir mon honneur ni fouler aux pieds ma présomption d’innocence », fait savoir le metteur en scène dans un bref communiqué.

Le TQI est une scène emblématique de la décentralisation culturelle, un centre dramatique national (CDN) créé en 1972 par Antoine Vitez, très implanté sur le territoire et doté d’une école de théâtre amateur.

De multiples réunions de crise

Depuis la rentrée de septembre, voyant que l’outil public était en train de prendre l’eau, plusieurs réunions de crise avaient été organisées entre la direction du TQI et les tutelles que sont le ministère de la culture, la ville d’Ivry et le département du Val-de-Marne.

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Mais les discussions n’ont visiblement pas convaincu le ministre de la culture, Franck Riester, comme l’explique un proche : « Depuis cet automne, nous avions fixé deux missions à Jean-Pierre Baro : un, mettre en place un accompagnement social pour les salariés qui sont en souffrance au travail ; deux, trouver des solutions pour remettre le théâtre en ordre de marche. Les propositions que nous a adressées le metteur en scène ne nous ont pas satisfaits. L’intérim à la tête du théâtre va être assuré par Licinio Da Costa, l’actuel adjoint de Jean-Pierre Baro, en attendant que nous organisions un nouveau recrutement pour la direction du CDN », explique-t-on Rue de Valois.

L’équipe du théâtre – composée d’une vingtaine de permanents – a appris la nouvelle par la dépêche de l’AFP. La veille, mercredi 11 décembre, une grande majorité des salariés s’était mise en grève et avait organisé un rassemblement devant le CDN afin de protester contre une situation jugée intenable : baisse de la fréquentation, difficultés à nouer de nouveaux partenariats, réactions de rejet dans le public, etc.

«Le public déserte nos salles. De nombreux artistes refusent de mettre les pieds au théâtre ou d’avoir affaire à sa direction. Les partenaires territoriaux se désengagent», affirmait le personnel dans un communiqué mercredi, évoquant une situation «catastrophique», dans un théâtre qui «s’effondre petit à petit».

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«S’il est attaché au théâtre, Jean-Pierre Baro doit démissionner», affirmait à l’AFP un représentant du personnel ayant requis l’anonymat.

L’institution «ne peut pas survivre dans ces conditions», dit-il. Un metteur en scène, Myriam Saduis, et le collectif Eskandar, se sont tous deux retirés de la programmation, précise-t-il, et au moins trois membres de l’équipe ont claqué la porte.

D’après le même représentant, une pièce montée par M. Baro en novembre au théâtre a fait seulement 23% de remplissage. « Et les réservations scolaires ont totalement chuté cette année», ajoute-til.

Jean-Pierre Baro, entré en fonctions en janvier, avec l’image d’un metteur en scène incarnant le renouveau et représentant la « diversité » – il est d’origine sénégalaise –, n’aura pas eu une minute de répit depuis sa nomination : il est arrivé à la tête du Théâtre des quartiers d’Ivry au moment où l’équipe apprenait l’existence de la plainte pour viol. Par la suite, les tutelles ont semblé démunies devant la situation : que faire alors que la justice a ordonné un classement sans suite de la plainte ? Tiraillé entre le principe de présomption d’innocence et l’inquiétude de voir un CDN sombrer, le ministère a fini par choisir de sauver le théâtre.

 

Le Monde

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