La préfecture de l’Essonne a annoncé ce vendredi un système de rendez-vous d’admission et de renouvellement au séjour simplifié. Associations et usagers craignent que les créneaux sur Internet ne suivent pas.
Fin octobre, boulevard de France, à Evry-Courcouronnes. Une file interminable se presse devant les grilles de la préfecture de l’Essonne. Elle ouvre ses portes à 7 heures 30. Trois cents personnes tentent de s’y engouffrer, provoquant un gigantesque mouvement de foule. Par chance, aucun blessé grave n’est à déplorer. Une policière en service est tout de même touchée au dos.
Une anecdote symptomatique du chaos qui règne devant la préfecture chaque matin. La faute à un système d’accueil des étrangers en partie fondé sur un guichet physique. Il délivre de précieux tickets de rendez-vous pour des demandes d’admission exceptionnelle au séjour, des renouvellements ou des premières demandes.
Seulement 100 sésames par jour
Problème : seuls 100 à 140 sésames sont délivrés chaque jour. Insuffisant pour les 200 à 300 usagers présents à l’aube. « La préfecture, connue pour ses délais de traitement inférieurs aux autres, est sur-fréquentée », concède Jean-Benoît Albertini, préfet de l’Essonne.
Résultat : des agents pris à partie et un trafic de places installé dans la file d’attente. La préfecture a donc dévoilé ce vendredi un nouveau dispositif d’accueil. Qui s’aligne, tardivement, sur ses homologues d’Ile-de-France. À savoir une augmentation des créneaux de rendez-vous en ligne. Auparavant, les gens se heurtaient à la saturation de la plateforme. Une majorité de gens devait se résoudre à camper devant la préfecture.
Au lieu de trois rendez-vous (pré-accueil, entretien, instruction de la demande), il n’y en aura plus qu’un pour renouveler son titre de séjour. Idem pour une admission exceptionnelle.
Par ailleurs, le site de la préfecture, jugé peu clair, a été repensé. Il permet d’accéder à une liste plus complète des pièces nécessaires. Selon la préfecture, près de la moitié des dossiers des usagers sont incomplets au premier rendez-vous. « Le site est très déjà très visité, avec + 780 % de vues en une semaine », note le cabinet du préfet.
« Y aura-t-il davantage de créneaux ? »
Des mesures qui laissent dubitative Nadia Nguyen Quang, de Réseau éducation sans frontières (RSF) 91. « Certes, il y a eu un effort énorme au niveau du site, admet-elle. Mais y aura-t-il davantage de plages horaires ? ». Oui, assure la préfecture, qui estime que « la nouvelle organisation permettra de dégager des rendez-vous supplémentaires », notamment grâce à la suppression de deux présentations physiques.
Olivier Hardy, beau-fils de Mohand, algérien de 70 ans qui n’arrivait pas à renouveler son titre de séjour, s’inquiète d’une dématérialisation toujours plus poussée. « Je crains qu’aux guichets, on dise aux gens, comme on l’a fait à mon beau-père : allez sur internet, circulez, y’a rien à voir, se demande-t-il. Il y aura toujours la file d’attente de ceux qui ne maîtrisent pas Internet ».
Selon le préfet de l’Essonne, le dispositif « ne vise pas à l’économie de moyens humains ». « Dix agents ont été recrutés en un an à Évry et Palaiseau, et un accueil physique perdure pour guider les usagers », assure son cabinet. Les premières demandes de séjour ne sont pour l’instant pas concernées par cette réforme. Elles le seront « d’ici le printemps », indique la préfecture.
Le Parisien