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La descente aux enfers des migrants racontée en BD

La descente aux enfers des migrants racontée en BD

Trouver une vie meilleure, loin de la pauvreté. C’est le rêve de tout migrant. Sauf que le parcours est semé d’embûches. Deux bandes dessinées abordent cette question en prise avec l’actualité. Poignantes.

Raconter l’immigration autrement. Les auteurs de bande dessinée le font depuis plus de trente ans, abordant le déchirement, le déclassement lié à l’exil, la souffrance des expulsions, la difficulté d’intégration, l’exploitation, la déshumanisation, etc. Récits singuliers puisés dans des histoires personnelles ou imaginaires, toutes résonnent avec l’actualité.

Magic-Majid. La Sardine du cannibale, 
de Majid Bâ et Pierre Fouillet, Sarbacane, 128 pages, 22 euros.

Montrer la réalité du départ

Loin de la fiction, l’histoire de Magic-Majid est d’abord et avant tout une histoire personnelle. Vraie. Celle de Majid Bâ ou six ans de galère d’un sans-papiers sénégalais. L’exploitation ordinaire, la faim qui tenaille, la peur de se faire embarquer, les maigres salaires arnaqués, l’épuisement…

Le parcours de cet immigré, en quête d’eldorado, n’est pas un long fleuve tranquille.

« En Afrique, on ne dit jamais que la vie est difficile ici, témoigne Majid Bâ. Ce qui m’a poussé à écrire, c’est montrer le vécu au quotidien d’un sans-papiers. Montrer aux prétendants à l’immigration la réalité du départ, mais aussi et surtout la galère une fois sur place. Moi, mon départ s’est bien passé, car j’avais un visa de tourisme et je savais que ça ne serait pas facile. Mais pas à ce point. »

Dans une narration pleine de sincérité, le scénario de Pierre Fouillet, qui se base sur les carnets de bord écrits par Majid Bâ durant ses années de sans-papiers, alterne entre espoirs et déceptions, montrant le récit d’un homme qui s’accroche à ses rêves coûte que coûte et ne perd jamais son objectif de départ : obtenir des papiers. Ce sera chose faite en 2009.

« J’étais parti pour gagner de l’argent. Mais, au fur et à mesure, je me suis rendu compte que ce n’était pas le plus important, confie l’intéressé. Aujourd’hui, j’ai une vie riche, mais pas financièrement. J’ai un emploi précaire de smicard (il est assistant d’éducation dans un lycée – NDLR), mais je suis heureux. »

Les Mains invisibles, de Ville Tietäväinen, Casterman, 224 pages, 27 euros.

Avec les Mains invisibles, l’auteur finlandais Ville Tietäväinen a, lui, choisi de raconter une histoire du point de vue d’un migrant. Ce migrant, c’est Rachid, qui quitte sa femme, sa fille, son pays, le Maroc, pour « passer » en Espagne, d’abord dans les serres suffocantes d’Almeria, puis à Barcelone.

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Dans cette Europe fantasmée, il espère trouver un emploi et offrir une vie meilleure à sa famille. Il n’y trouvera que salaire de misère, précarité, travaux de force et clandestinité.

Les Mains invisibles raconte le choc entre rêves de richesse et réalité de l’immigration clandestine, entre espoir et déceptions.

Pour composer ce récit ultraréaliste, Ville Tietäväinen a enquêté pendant plus d’un an, au Maroc et en Espagne.

« Je ne voulais pas faire un documentaire sur une personne en particulier, mais montrer la diversité des émigrants et des différentes raisons qui les poussent à venir en Europe, confie l’auteur. C’est une fiction avec plusieurs destinées ancrées dans la réalité, crédibles et réalistes. Ce qui m’a intéressé le plus, c’est le combat de ces personnes pour préserver leur identité », insiste-t-il.

Et de confier : « Je ne voulais pas faire une histoire politique, mais je ne pouvais pas faire autrement que de témoigner, montrer ce qui se passe. »

Ce récit de migrants trottait dans la tête de Ville Tietäväinen depuis quelques années.

« L’idée m’est venue à Paris, en voyant un vendeur à la sauvette, dans le quartier des magasins de luxe, raconte l’auteur. En le regardant, je me demandais quels rêves il avait quand sa veste, toute rapiécée, était neuve, s’il avait encore des contacts avec sa famille…

Quelques années plus tard, je suis tombée sur la thèse d’un sociologue finlandais sur ces gens qui vendent le peu de biens qu’ils ont pour entreprendre un voyage dont ils ne savent pas quelle sera l’issue. De là est né les Mains invisibles… »

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Source : L’huma

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