De longues plages de sable fin, des palmiers, un océan Atlantique calme, de belles piscines, des jet-skis, des gentils organisateurs musclés et des cocktails mangue-goyave. Saly, la plus grande station balnéaire d’Afrique de l’Ouest, est située à moins de 100 km au sud de Dakar, la capitale sénégalaise.
Familles, couples, bandes de copains (français à 98%) raffolent de cette destination bon marché. Mais hors période de vacances scolaires, c’est le troisième âge qui remplit la moitié des chambres. Leur saison démarre début novembre, après les vacances de la Toussaint.
Eux restent pour de longs séjours – trois à quatre semaines en moyenne – contre une semaine pour les autres catégories de touristes. A Saly, on trouve de tout pour le confort et la santé : médecins, pharmacies, laboratoires d’analyse, assureurs, tabacs, supermarchés, boulangeries ou encore opticiens. De quoi rassurer.
L’orchestre joue les succès des années 60
Les complexes hôteliers aussi s’adaptent à la demande. Après le déjeuner, les animateurs proposent donc notamment des « jeux d’esprit », comme le Scrabble, les jeux d’échec et les jeux de cartes. Avant le dîner, l’apéro-cocktail se déguste sur des standards de jazz, parfois en live, avec des orchestres de… retraités, invités à passer des vacances ici tout frais payés. Après le dîner, l’orchestre joue à la demande les succès des années 60.
Mais tous les retraités ne viennent pas là uniquement pour jouer aux petits chevaux entre deux baignades. Fabienne David, attachée de direction au Domaine de Nianing, explique :
« Nos équipes d’animation leur proposent aussi des cours de tennis, de foot, de planche à voile ou de water-polo. Nous avons pas mal de jeunes retraités, qui ont environ 55 ans, et qui sont en pleine forme physique. »
Dans ce village vacances, la direction fait régulièrement venir des animateurs de France, en partenariat avec un tour opérateur. Les plus prisés ? Les profs de bridge, de danses de salon, de pétanque, de yoga et de danse country, « en vogue chez les jeunes retraités ». « Les animateurs viennent pour une semaine et organisent deux fois par jour des cours et des tournois », ajoute Fabienne David.
Le troisième âge, cœur de cible
Mais tours opérateurs et hôtels n’affichent pas forcément leur prisme cheveux blancs, comme l’indique Sylvain Alexandre, responsable au Sénégal pour Jet Tours et Thomas Cook :
« Il n’y a pas de communication particulière pour les retraités mais c’est vrai que quand il y a des promotions pour des séjours de quinze jours-trois semaines, le cœur de cible est bien le troisième âge. »
Même discours à l’agence Sénégambie, où on propose seulement « des circuits culturels plus reposants, comme aller à Saint-Louis ou dans le Saloum », indique Youssouf Diallo, un collaborateur. Reste qu’au Sénégal, les retraités sont aussi les plus fidèles des touristes. Fabienne David précise :
« Beaucoup se sont faits des amis en vacances ici, alors ils reviennent ensemble, pour retrouver une atmosphère familiale, avec les mêmes équipes au bar, au restaurant. Et puis il y a les cadres supérieurs qui venaient en famille avant et qui viennent désormais en couple. Ils reviennent tant qu’ils sont capable de prendre l’avion. »
Le secrétaire général du Syndicat patronal de l’industrie hôtelière, le confirme.
« Les retraités reviennent plusieurs fois par an, et finissent souvent par acheter une résidence dans le coin. »
Et là, c’est une autre démarche, qui semble bien fonctionner à Saly.
Sur les rues sablonneuses de la station balnéaire, boutiques d’artisanat et agences immobilières jouent des coudes.