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Arnaques sentimentales. « J’ai fait une erreur, mais je la paie cher »

Arnaques sentimentales. « J’ai fait une erreur, mais je la paie cher »

De jeunes et beaux Sénégalais deviennent les amants d’Européennes, célibataires et plus âgées. Ces aventures intéressées aboutissent parfois à des mariages qui finissent mal. Témoignage d’une Bretonne qui s’est mariée et qui peine à divorcer.

« J’ai rencontré Joseph (1) à Saly (station balnéaire au sud de Dakar) il y a près de sept ans. À l’époque, j’avais l’habitude de me rendre au Sénégal. J’avais entendu parler d’hommes plus jeunes qui séduisaient des femmes plus âgées. Ce n’est pas ce que je recherchais. Et puis, il y a eu Joseph, beau, séduisant, de vingt ans plus jeune que moi (2). Nous avons débuté une relation. Je me suis alors rendue au Sénégal deux à trois fois par an. À chaque fois, je restais deux ou trois semaines.

Il me traitait comme une princesse. Il ne voulait même pas que je fasse le ménage de la maison que je louais. Il n’avait pas de métier, vivait du système D, mais j’étais séduite. Au bout d’un an, nous sommes passés devant le chef de quartier qui a validé un premier mariage coutumier. Cela n’avait aucune valeur légale, mais c’était important pour sa famille. Le 30 août 2013, nous nous sommes vraiment mariés à Mbour. J’avais auparavant établi un contrat de mariage devant notaire et en sa présence pour préserver mes biens : un appartement et un bien de famille.

Lors de mes venues au Sénégal, il arrivait qu’il me demande de l’argent, que je lui paie le permis. Je n’avais pas voulu. C’était aussi ma façon de tester son attachement à moi. Lorsque je débarquais, il demandait parfois si j’avais un cadeau pour lui. Je lui répondais : c’est moi, le cadeau. Le mariage a été une suite logique de notre relation.

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Une aide de 700 € par mois

Joseph est venu me rejoindre en France en janvier 2014. Notre projet de vie était alors de vivre ici jusqu’à ma retraite – il me restait alors cinq ans à faire – et que nous retournions ensuite au Sénégal. Je l’ai d’abord emmené dans ma famille, puis à Paris. La capitale ne l’a pas tellement intéressé. Puis nous nous sommes installés dans mon appartement. Sa première réaction fut : « Tu n’as pas d’écran plat ? »

Son attitude a alors rapidement changé. J’avais cessé d’être une princesse. Pour mon mari, je n’étais plus que vieille et moche. Au bout de trois mois, nous faisions chambre séparée. J’avais interdiction de m’habiller en robe. Il me réveillait à 2 h du matin parce qu’il avait faim, pour lui faire à manger. Ou pour que je lui donne de l’argent pour qu’il aille en boîte de nuit. Sans moi naturellement.

Puis, je lui ai trouvé un travail dans un élevage de porc. Nous ne nous voyions alors plus que le week-end : je lui faisais les courses, son ménage… Début 2015, nous nous sommes entendus pour entamer une procédure de divorce. Mon mari a fait traîner les choses. Finalement, fin 2016, un juge aux affaires familiales a décidé que je devais lui verser 700 € par mois (il avait demandé 900 €), au titre de l’aide au secours. Et ce, jusqu’à ce que le divorce soit prononcé. Ce qui n’est toujours pas le cas. Combien de temps cela va durer ?

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« Je ne peux plus payer »

Aujourd’hui, je ne peux plus payer cette somme et j’ai du mal à subvenir à mes besoins. Il est trop tard pour faire appel et j’ai dû mettre mon appartement en vente dont je rembourse encore le crédit. Mon mari, lui, pendant ce temps-là, fait encore traîner la procédure alors qu’officiellement, puisque j’ai déclaré que nous ne vivions plus ensemble, il a l’obligation de quitter le territoire.

Certaines personnes sont surprises que je parle de lui en prononçant « mon mari ». Mais je ne peux nier cette évidence. On a vécu sept mois ensemble. Pour moi, c’était mon premier mariage et ce sera le seul.

Je sais que j’ai fait une erreur. Je pensais pourtant avoir pris suffisamment de garanties en effectuant ce contrat chez un notaire, en testant notre relation durant deux ans… Mais finalement, cette erreur, je la paie vraiment cher ! Et si je témoigne aujourd’hui, c’est pour que d’autres femmes ne se fassent pas avoir. »

(1) : prénom d’emprunt. (2) : cette Bretonne a 58 ans actuellement.

Avec Ouest France

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