Les responsables du magasin Colorful Black de Paris (2ème arrondissement) ont déposé une plainte contre X pour injure publique à caractère raciste.
La vitre de l’échoppe Colorful Black porte encore des stigmates de colle. Dans la nuit une affiche à caractère raciste a été placardée sur la devanture de cette boutique « spécialiste de la beauté noire et métissée », située rue Poissonnière dans le 2e arrondissement.
« Pas de boutique afro », « nous ne voulons pas d’un futur quartier Château-Rouge ou Château d’Eau qui est devenu un quartier poubelle », « pas de clientèle des logements sociaux », « vous êtes là mais vous n’êtes pas les bienvenus », lit-on sur cet écriteau pris en photo et publié sur les réseaux sociaux par la responsable de l’établissement.
« Le racisme est encore là »
D’origine sénégalaise, Anne-Marie Mendy, la gérante Colorful Black, a découvert ce message le matin. « Nous avons pris la photo, j’ai arraché ce document et je l’ai jeté. Puis nous sommes partis au commissariat » », détaille cette femme de 34 ans, qui avec son mari Frédéric – responsable du magasin – a déposé une plainte contre X pour injure publique à caractère raciste.
« Je suis choquée de voir encore ça en 2016. Mais le racisme est encore là », déplore-t-elle. Installée depuis six ans dans le quartier, elle a déménagé ce samedi sa boutique Colorful Black sur le trottoir d’en face au numéro 7, dans un local plus grand pour « le bien être de la clientèle ». « Ce qui dérange ce ne sont pas les produits mais peut-être le logo et l’enseigne. Mais ça ne changera pas », assure-t-elle. « De plus, je ne pense pas avoir fait chuter le prix de l’immobilier en transférant Colorful Black ici. Mon dossier a été accepté par la mairie et je n’ai aucune aide. Ça aurait pu être n’importe quelle autre boutique », ajoute-t-elle.
Le procès-verbal fait également état de remarques et d’hostilité de la part de certains riverains la veille de l’ouverture. « Une personne nous a dit : « Ils sont encore là. Ils nous envahissent ». Mais « nous avons de soupçons sur personne », assure-t-elle, sur le trottoir de cette rue paisible à deux pas du Rex. Les commerçants du quartier disent, eux, ne pas comprendre.
« De la bêtise et de la jalousie »
« Il n’y a pas d’animosité dans cette rue. Tout se passe bien », lance le salarié d’un magasin de vêtements. Pour, Ahmed, 59 ans, qui tient depuis plus de trente ans une boutique de textile dans la rue, l’ambiance est tout de même peu particulière. « J’ai vu ce papier collé. C’est de la bêtise et de la jalousie. Je ne pense pas qu’il s’agisse d’un acte commis par les voisins. Mais peut-être plus par un commerçant. Il y a quand même de la jalousie dans cette rue », juge-t-il.
De son côté, la police qui s’est rendue sur place, poursuit son enquête. Lorsqu’elle est publique, l’auteur d’une injure raciale encourt jusqu’à 6 mois d’emprisonnement et 22.500 euros d’amende.
En attendant, Anne-Marie Mendy a collé des affiches « défense d’afficher sous peine de poursuites » sur sa devanture. Et a reçu de nombreux messages de soutien. Notamment d’associations de lutte contre le racisme.
« Je ne veux pas engendrer de haine raciale. Nous n’avons pas Ebola et nous avons aussi le droit d’être dans les quartiers propres. Nous sommes là et nous ne partirons pas », affirme-t-elle, calmement.
Source : 20minutes.fr