Oumar Mbengue Atakosso, artiste et scénographe sénégalais installé depuis 1998 aux Pays-Bas, a travaillé ces six dernières années sur la question des migrants africains perdus en mer, dans le voyage désespéré qu’ils tentent vers l’Italie ou l’Espagne. Il en a tiré une exposition forte, intitulée « Museum of Im/Migration », abritée par la Galerie 23 à Amsterdam.
Son installation montre des objets qu’il a récupérés sur les plages espagnoles, perdus par les migrants. Il les a ensuite enroulés dans les couvertures grises de la Croix Rouge, qui sont fournies aux survivants lorsqu’ils arrivent frigorifiés sur les côtes de l’Atlantique.
Il explique :
« Ce qui m’a le plus ému et surpris, ce sont les moments de recherche et mes découvertes en Espagne. J’ai eu l’impression de trouver un musée à ciel ouvert. L’installation montre ce que la mer dépose sur les plages espagnoles : des corps, des gris-gris, des bracelets, des chapelets, des perles, des sandales et divers “lost and found”, des objets trouvés. »
Des personnes devenues des objets perdus
« Une personne peut perdre sa vie sans trouver de sépulture, mais le parcours que je propose dans mon installation est évidemment un cimetière.“
De manière plus symbolique, Oumar Mbengue Atakosso s’interroge sur son propre statut d’immigrant en Europe, sur ce qu’il perd et trouve à chaque voyage. Il questionne le risque de la perte (d’identité) et de voir son propre passé devenir, lui aussi, ‘un pays étranger’.
A Dakar, elle a inclus des personnes vivantes, des jeunes enroulés dans les couvertures de la Croix Rouge espagnole.
Une façon de frapper les esprits et de mieux faire passer le message au Sénégal.
Les réactions du public ont été vives, surtout en Espagne :
‘Les gens ont dû se remettre en question. C’était comme si l’exposition les aidait à retracer le parcours des migrants et à comprendre leurs vicissitudes.’