Le « prédateur » avait abusé d’une réfugiée ukrainienne à la rue, après l’avoir attiré chez lui, à Montpellier. Le prévenu abordait des femmes seules à la gare Saint-Roch
Un Sénégalais a été condamné à un mois de prison avec sursis pour une agression sexuelle commise sur une jeune femme qu’il avait abordé à la gare Saint-Roch, avant de l’attirer dans l’appartement qu’il sous-louait.
Le 18 août dernier, une jeune Ukrainienne, ayant quitté son pays à cause de la guerre, avait déposé plainte au commissariat après avoir subi une agression sexuelle, dans la nuit du 16 au 17 août, à Montpellier.
Venue avec une perspective d’hébergement, projet qui n’avait pas abouti, elle s’était retrouvée à la rue. À la gare Saint-Roch, elle avait été abordée par Vincent, un Sénégalais d’une quarantaine d’années qui lui avait proposé de louer une chambre. Méfiante, elle avait refusé. Il l’avait recontactée peu après, lui envoyant des messages. Elle s’était rendue chez lui deux fois, brièvement.
Mais un jour de pluie, épuisée et souffrant de fièvre, elle y est retournée pour y passer la nuit. Son hôte, qui affirmait aider les personnes en difficulté, en a profité pour s’introduire dans sa chambre, dont la porte ne fermait pas à clé.
À deux reprises pendant la nuit, il lui a imposé des attouchements sur les fesses et les seins. La femme l’a repoussée plusieurs fois, avant qu’il ne s’endorme à ses côtés.
À son réveil, il a récidivé, l’empêchant de partir comme elle le souhaitait. L’homme l’a maintenue par les bras, lui a agrippé les cuisses avant de la jeter sur le lit. Elle a crié à l’aide. « Ça a duré pendant deux heures, il disait qu’il allait me tuer », a-t-elle confié aux policiers.
Un proche de Vincent se trouvait dans le logement cette nuit-là. Il a confirmé que le locataire avait retenu la jeune femme par le bras. Il a souligné être intervenu plusieurs fois pour le calmer. « Il l’aurait violée si je n’avais pas été là », avait-il même lancé.
La jeune femme a pu s’enfuir aux alentours de 14 heures. Le médecin a constaté des hématomes et des griffures compatibles avec son récit.
Son agresseur a été interpellé le lendemain, ivre et tenant des propos incohérents. « C’est vrai que j’ai pu la maintenir par les bras, mais c’est parce que je ne voulais pas qu’elle parte sous la pluie », a-t-il déclaré aux policiers.
« Une addiction ancienne et sévère à l’alcool »
« J’étais trop bourré cette nuit-là, je me souviens lui avoir tenu les mains. Si j’ai fait quoi que ce soit, je suis vraiment désolé », a-t-il déclaré au tribunal. « Mais je ne voulais pas la violer ».
« Pourtant, elle a témoigné que vous lui aviez proposé des relations sexuelles auparavant », a observé le président Parisi. « Je ne m’en souviens pas », a répondu le prévenu.
L’expert a noté chez lui « une addiction ancienne et sévère à l’alcool avec deux à quatre litres de bière consommés par jour, mais pas de troubles particuliers. »
« Je suis alcoolique depuis 2008, a reconnu le Sénégalais. Mon organisme s’y est habitué. Avant les faits, j’avais consommé du whisky, des bières fortes et du vin rouge. Ça m’arrive de perdre la mémoire après. Cette nuit-là, je suis ressorti chercher de l’alcool dans une épicerie de nuit. » Ce que dément l’ami qui résidait dans le logement.
« Il ne semblait pas alcoolisé », a également déclaré la victime, qui s’exprimait par le biais d’une interprète. « Le matin à 9 heures, il est difficile de croire qu’il était encore alcoolisé », observe le procureur, qui a requis 18 mois d’emprisonnement avec sursis.
En France depuis 2008, Vincent a un enfant de huit ans qui vit avec sa mère en Bretagne. Après un pneumothorax en 2017, suivi par une dépression, il avait rejoint sa cousine à Montpellier en octobre dernier.
« Elle est terrorisée et ne connaît personne »
« Monsieur cherchait des proies, il ne parlait qu’aux femmes seules sans domicile fixe à la gare Saint-Roch, a souligné Me Guillaume, avocate de la victime. Elle est tombée dans le piège de ce prédateur qui a déjà attiré des victimes à son domicile. Il se montre bienveillant mais quand la nuit arrive, il s’introduit dans le lit et insiste. »
Elle précise que la jeune Ukrainienne « avait un travail et une famille dans son pays. Aujourd’hui, elle est terrorisée. Elle ne connaît personne à Montpellier et ne peut plus faire confiance à personne. »
« Sans ce logement loué par sa cousine à son frère, qu’il devra quitter dans quelques jours, il aurait aussi du mal à se loger, a plaidé Me Mendel, avocat du prévenu. Il a un titre de séjour, et ce n’est pas un prédateur, même si je ne conteste pas l’infraction sexuelle. »
Vincent a été condamné à un an de prison avec sursis. Il a obligation de se soigner, de travailler ou suivre une formation, d’indemniser la victime et le Trésor public. Il a aussi interdiction de paraître à Montpellier et d’entrer en contact avec la victime.
Il sera inscrit au fichier des auteurs d’infractions sexuelles (Fijais) et devra indemniser la partie civile à hauteur de 1 000 euros pour le préjudice moral.
Guillaume Richard avec Midi Libre