Les autorités espagnoles ont annoncé jeudi avoir secouru au moins 350 migrants au cours des dernières 24 heures dans cinq embarcations dérivant au large de l’archipel des Canaries, au lendemain d’un naufrage qui a fait au moins deux morts.
«Durant la nuit, les services d’urgence ont pris en charge 114 migrants qui voyageaient à bord de deux embarcations secourues» par les sauveteurs en mer espagnols, ont indiqué sur Twitter les services d’urgence des Canaries, archipel situé dans l’océan Atlantique, au large des côtes nord-ouest de l’Afrique.
Ces migrants ont été pris en charge sur l’île de Lanzarote et sur celle de Grande Canarie où «un bébé et sa mère (ont été) transférés à l’hôpital pour des pathologies légères», ont-ils ajouté. Une troisième embarcation a été secourue à l’aube et ses 54 passagers ramenés vers Lanzarote, a indiqué ensuite la même source. Deux autres embarcations ont été secourues dans l’après-midi, a précisé à l’AFP une porte-parole du service espagnol de sauveteurs en mer.
La première a été repérée au large de l’île d’El Hierro, avec à son bord 121 personnes dont six femmes et quatre enfants, venant principalement de pays d’Afrique subsaharienne.
La deuxième, un bateau pneumatique, à environ 13 kilomètres de l’île de Grande Canarie, avec 61 personnes à bord. Ces nouveaux sauvetages interviennent au lendemain d’un naufrage meurtrier à environ 160 km des côtes de l’île de Grande Canarie.
Témoignages de survivants
Les sauveteurs en mer espagnols, qui avaient annoncé initialement avoir repêché le corps d’un mineur, ont indiqué à l’AFP avoir localisé un autre corps, celui d’un homme.
Quelque 24 personnes ayant été secourues mercredi par les autorités marocaines ont été amenées au Maroc, selon une porte-parole des sauveteurs espagnols, qui a assuré n’avoir aucune information sur des disparus suite à ce naufrage.
L’ONG espagnole Caminando Fronteras – qui établit ses bilans en se basant notamment sur les témoignages des migrants ou de leurs familles – a affirmé pour sa part mercredi que 39 personnes étaient mortes au total dans ce naufrage «dont quatre femmes et un bébé». Elle assure que l’embarcation demandait à être secourue depuis «plus de douze heures».
Durcissement des contrôles
Les départs d’embarcations de migrants vers les Canaries, souvent depuis les côtes du territoire disputé du Sahara occidental, se sont multipliés ces derniers jours en raison de bonnes conditions climatiques. Depuis le durcissement des contrôles en Méditerranée, la route migratoire vers les îles Canaries, situées dans l’océan Atlantique au large des côtes du nord-ouest de l’Afrique, est particulièrement empruntée.
Les naufrages y sont fréquents, la traversée pouvant être particulièrement dangereuse en raison des forts courants et de l’état des bateaux. Mardi, le corps sans vie d’une femme enceinte avait été retrouvé à bord d’une autre embarcation transportant une cinquantaine de migrants au large des Canaries.
Une cinquantaine de migrants marocains sont par ailleurs portés disparus depuis plus de dix jours au large du sud du Maroc, après avoir tenté de rallier l’Espagne à bord d’une embarcation clandestine, a-t-on appris jeudi d’une source proche d’un des disparus.
Dans un rapport rendu public fin 2022, Caminando Fronteras avait affirmé que plus de 11.200 migrants étaient morts ou avaient disparu depuis 2018 en tentant de rejoindre l’Espagne, qui est l’une des principales portes d’entrée de l’immigration clandestine en Europe. Soit une moyenne de six par jour.