Elles sont deux prévenues, mais seule Laure, la presque soixantaine un peu tape à l’œil, est présente à la barre. Sa filleule Valérie, 36 ans, ne s’est pas présentée. Et pourtant, c’est sur elle que pèse le plus lourd des reproches.
Sur le banc des parties civiles, un petit grand-père d’origine sénégalaise, tout fluet et manifestement un peu à l’ouest. Il avait pour voisine Laure que sa filleule Valérie venait voir souvent. Une Valérie qui s’est ingéniée à sympathiser avec lui afin de mieux le plumer évidemment.
En lui volant son chéquier et sa carte de séjour. Et en route pour les courses ! Lidl, Gifi, Conforama, Centrakor, bijoux fantaisie, essence… Pas du grand luxe, mais au bout du compte, les dizaines d’euros s’entassent sur les 35 chèques qui ont été utilisés par la jeune femme.
Quant à Laure, elle est poursuivie pour recel : «J’ai rien fait ! Je savais rien ! Elle m’a amenée un jour avec elle, elle m’a montré des boucles d’oreilles que j’ai trouvées jolies, mais c’est tout. Et à Noël, elle me les a offertes.
Je n’ai rien demandé moi !» «Mais pourquoi alors avoir donné votre carte de fidélité ?», interroge la présidente Gadoullet. «Elle me l’a volée !» Soit, mais qu’est-ce que ça pouvait bien lui rapporter ? Pour Me Bernès-Cabanne, partie civile, les deux femmes ont partie liée : «On les a systématiquement vues ensemble.
Elles se sont approprié son amitié pour le voler. Laure a réponse à tout, elle coupe la parole et jette la balle à la figure de Valérie». Même son de cloche chez la procureure Aurore Davy : «Ce sont des faits très désagréables et je regrette l’absence de Valérie M. Quant à sa marraine, elle était au courant».
Pour la défense, «Laure n’a fait que faire entrer le loup dans la bergerie. Rien ne prouve qu’elle savait comment payait sa filleule. Je demande donc la relaxe», plaidera Me Claude-Maysonnade. Elle sera entendue : relaxe pour Laure, mais pour Valérie, la note sera plus lourde : 6 mois avec sursis et 500 € d’amende.
Hélène Dubarry
