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« Partez d’ici, sales nègres » : une maman d’enfants métis pousse un cri de colère sur Facebook

« Partez d’ici, sales nègres » : une maman d’enfants métis pousse un cri de colère sur Facebook

Katell Pouliquen, rédactrice en chef du magazine Elle et maman de deux enfants métis, a tenu à s’indigner, sur Facebook, de la libération de la parole raciste en France après y avoir été confrontée de plein fouet.

C’est un cri de colère qui fait réagir. Katell Pouliquen, maman de deux enfants métis et rédactrice en chef du magazine Elle, a tenu à s’indigner, sur Facebook, de la libération de la parole raciste après avoir vécu elle-même une triste mésaventure.

Vendredi 10 février, Katell et ses enfants, alors en vacances en Bretagne, se trouvaient dans un hypermarché de la ville de Plérin (Côtes-d’Armor) lorsqu’un retraité se serait approché d’eux et aurait lancé à la petite famille : “Partez d’ici, sales nègres”. Une expérience choquante qui a poussé la maman à prendre la plume.

“L’uppercut est donné le vendredi 10 février 2017 en France”

Si Katell Pouliquen a pris la décision de porter plainte, la maman blessée, bretonne d’origine, s’est aussi fendue d’un message fleuve posté sur Facebook afin de faire montre de son indignation à quelque semaines de la présidentielle : “‘Partez d’ici, sales nègres’”. L’uppercut est donné par un homme d’une soixantaine d’années, flanqué de sa femme muette. Mes fils s’amusaient au rayon foot. Ils adorent le Leclerc, immense terrain de jeu où ils peuvent courir, essayer les ballons, les tablettes et même regarder tranquillou Bein Sports sur des écrans géants”, explique-t-elle notamment.

Elle ajoute encore : “Mes enfants métis font, depuis le jour où je leur ai donné la vie, mon bonheur, ma fierté, mon éblouissement. Toujours, je loue leur double culture, je leur explique que, plutôt qu’être “moitié / moitié”, ils sont deux fois plus riches, plus forts, plus beaux. 200% plutôt que 50. J’aime leur peau, leurs cheveux, leurs yeux, leurs rires. Je suis leur mère. Je les aime.
Je les éveille au monde sans les effrayer”.

Mes enfants métis font, depuis le jour où je leur ai donné la vie, mon bonheur, ma fierté, mon éblouissement.
Toujours, je loue leur double culture, je leur explique que, plutôt qu’être « moitié / moitié », ils sont deux fois plus riches, plus forts, plus beaux. 200% plutôt que 50. J’aime leur peau, leurs cheveux, leurs yeux, leurs rires. Je suis leur mère. Je les aime.
Je les éveille au monde sans les effrayer.
Je m’assure qu’ils connaissent leur Martin Luther King dans le texte -je leur ai offert la version pour enfants de sa biographie, et aussi « Mes étoiles noires », des destins méconnus racontés par Lilian Thuram. Il l’avait dédicacé à mon fils aîné, qui porte le même prénom que le sien : Marcus. Comme Marcus Miller plus que l’empereur romain. Comme Marcus Garvey, émancipateur du peuple noir.
Je leur lis « Le chat bleu, l’alouette et le canard timide « , d’Amanda Sthers, l’histoire d’un chat interdit de golf car il est bleu. Et aussi « Mon chien est raciste » -l’arme de l’humour.
Je les amène voir Swagger, et sans doute ce jour-là saisissent-ils comme ils sont privilégiés. Protégés ? On vit dans le 18ème des Abbesses, enclave bobo encore un peu popu dès qu’on approche les boulevards de Pigalle ; absolument bourge quand on dévale la rue des Martyrs acheter son mille-feuille à 5 euros. L’école maternelle est une ZEP qui fonctionne. Emile est ami avec Rayan, Elliott, Louison, Aboudlaye. La routine.
Mes enfants sont chez eux dans le quartier, le manège, Jacky le boucher, Marie-Rose la libraire… Partout, ils sont chez eux. Nulle part ici, leur peau n’est un sujet. Les rues racontent le métissage. La France multiculturelle progresse. Celle que j’aime.
« Partez d’ici, sales nègres ». L’uppercut est donné au Leclerc de Saint Brieuc. Enfin, juste à côté, dans cette périphérie urbaine bien connue des sociologues. Plérin en l’occurrence.
Je suis Bretonne. J’ai quitté Saint Brieuc après mon hypokhâgne. Puis ce fut Rennes (khâgne), Paris (sciences politiques), Lille (Ecole de journalisme). J’ai terriblement voulu fuir cette Bretagne que je chéris tant aujourd’hui. M’arracher à la promiscuité, au regard des voisins, à l’absence poisseuse d’intimité. Je voulais vivre libre. Aucun compte à rendre.
J’ai choisi ma vie, j’ai choisi Paris. Je reviens souvent en Bretagne et, à chaque halte chez ma mère, je me retrouve à faire les courses. On dit « faire le plein chez Leclerc ».
« Partez d’ici, sales nègres ». L’uppercut est donné par un homme d’une soixantaine d’années, flanqué de sa femme muette. Mes fils s’amusaient au rayon foot. Ils adorent le Leclerc, immense terrain de jeu où ils peuvent courir, essayer les ballons, les tablettes et même regarder tranquillou Bein Sports sur des écrans géants.
« Partez d’ici, sales nègres ». L’uppercut est donné le vendredi 10 février 2017 en France.
La même semaine, on apprenait que Théo, jeune noir d’Aulnay-sous-Bois, se faisait violer par un policier.
La même semaine, Luc Poignant, membre du syndicat Unité Police SGP-FO, estimait dans C dans l’Air: « Le mot Bamboula, ça reste encore à peu près convenable ».
La même semaine, le magistrat honoraire Philippe Bilger twittait: « On a fait un drame de #Bamboula. Me souviens de mes années de collège ou ce terme était beaucoup plus sympa, presque affectueux que raciste ».
La même semaine, Alain Avello, membre du conseil stratégique de campagne de Marine Le Pen, invitait sur son profil Facebook à « essayer la zoophilie » avec Christiane Taubira.
« J’ai peur. Cette peur augmente chaque fois que tu me quittes. Mais j’ai découvert cette peur bien avant ta naissance. Quand j’avais ton âge, toutes les personnes que je connaissais étaient noires, et toutes vivaient dans cette peur violemment, obstinément », témoigne Ta-Nehisi Coates, écrivain américain né à Baltimore dans son cri bouleversant, « Une colère noire. Lettre à mon fils », paru l’an dernier.
11 février 2017. 70 jours avant l’élection présidentielle. Quelle lettre vais-je écrire à mes fils ? Je suis en colère. Violemment. Obstinément.

 

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