Près de 15.000 footballeurs mineurs africains quittent chaque année l’Afrique de l’Ouest.
C’est l’un des fléaux du football moderne en Afrique: les mineurs arnaqués par de faux agents qui escroquent leur famille.
La grande majorité des jeunes footballeurs africains qui tentent leur chance en Europe échouent à devenir professionnels, avec un taux d’échec de l’ordre de 70 %, et sont la proie de «trafiquants d’enfants», a affirmé mardi à Dakar Jean-Claude Mbvoumin, président de l’Association Foot Solidaire, rapporte l’AFP.
«Le taux d’échec (des joueurs africains mineurs, NDLR) est plus important que chez les joueurs européens en raison de facteurs culturels», a déclaré M. Mbvoumin au terme d’une conférence lundi et mardi à Dakar, intitulée «Ensemble pour la protection des jeunes joueurs de football en Afrique». «L’échec des joueurs africains est très élevé. Les enfants sont livrés à eux-mêmes. 70% des enfants, on ne sait pas ce qu’ils deviennent», a ajouté l’ancien international camerounais, qui suit cette question depuis le début des années 2000, citant également des causes liées à «l’isolement et au froid».
Dans le magazine Jeune Afrique, un footballeur ivoirien, qui était encore mineur quand il a débarqué en Europe avec un agent véreux, raconte comment il s’est fait piéger:
«Après plusieurs mois d’échanges, il m’a demandé de prendre un billet d’avion pour Paris et de lui régler la somme de 5000 euros, prix à payer selon lui pour réaliser ces « tests ». J’ai collecté l’argent auprès de ma famille, puis l’agent et moi-même avons pris l’avion ensemble pour Paris. C’était en août 2013 et j’étais encore mineur. À peine arrivé à l’hôtel, il a prétexté un rendez-vous et n’est jamais revenu», explique t-il.
«Il y a un chemin légal»
«Les trafiquants d’enfants ont beaucoup d’idées. Il faut qu’on arrive à un accompagnement du jeune footballeur en faisant en sorte que la masse des pratiquants aient une protection minimale. Que les parents comprennent qu’il y a un chemin légal pour devenir footballeur professionnel», précise Jean-Claude Mbvoumin.
Les intervenants ont dénoncé le «trafic» dont sont victimes ces aspirants footballeurs Quinze mille joueurs mineurs quittent chaque année dix pays d’Afrique de l’Ouest tandis que 1.500.000 s’entraînent dans des structures de formation avec pour objectif d’émigrer, selon des statistiques fournies par Association Foot Solidaire.