A Créteil, un établissement privé catholique défend aux élèves de se présenter avec des cheveux colorés. Une mesure qui divise les parents.
De couleur aux cheveux tu ne porteras point. Ce pourrait être la formule utilisée par le collège privé catholique De Maillé à Créteil (Val-de-Marne). Depuis ce lundi, il interdit les teintures. La direction de l’établissement l’a annoncé à la veille des départs en vacances.
Jusqu’à présent, cet établissement fondé en 1951 prohibait, comme beaucoup d’autres, toute tenue considérée comme trop excentrique. Alors pourquoi les colorations ? Ces « manifestations capillaires » sont jugées comme « des fantaisies, voire des extravagances qui ne sont pas adaptées au cadre scolaire, comme le stipule le code de vie » du collège, explique la direction dans son message aux familles.
Depuis quelques mois, les jeunes arborent des mèches roses, bleues ou jaunes, quand ce n’est pas la chevelure complète. Un phénomène de mode qui explose sur Instagram, porté par des rappeurs et autres stars adeptes de ces couleurs. Dans la cour de l’établissement, à en croire les collégiens, seule une poignée avait succombé au charme du « pink hair » (cheveux roses) ou du « blue hair » (cheveux bleus).
« Nous voulons éviter qu’il y en ait davantage, précise la nouvelle directrice du collège. C’est du même ordre que les jeans troués, cela fait partie du règlement intérieur. On ne peut pas se vêtir n’importe comment. Nous sommes loin d’être une exception. »
Ce que risquent les contrevenants ? Une « sanction à étudier avec l’équipe directionnelle », complète-t-elle. « Ils ont rappelé à l’ordre un copain », confirme ce groupe de 3e, croisé ce lundi midi à la sortie. A la grille, cheveux bruns et blonds se succèdent. Pas une couleur ne dénote.
Les #cheveux colorés interdits dans un #collège du Val-de-Marne : exemple de #tenues ayant déjà été refusées >> https://t.co/XIXmvgfmCS pic.twitter.com/BI90ihcS5P
— Le Parisien Infog (@LeParisienInfog) 7 janvier 2019
« A notre âge, on se teste, c’est naturel »
« Je ne me fais des teintures que pendant les vacances, raconte Nils, 13 ans, coupe courte. La dernière fois, j’avais les cheveux longs et fait un dessin derrière la nuque en bleu. » Son copain Najib, brun naturel, ne comprend pas l’interdit. « Chacun a droit de faire ce qu’il veut », considère l’adolescent. « On ne peut pas s’exprimer, alors qu’à notre âge, on se teste, c’est naturel », renchérit Emma, en 3e.
Les principes éducatifs de l’établissement, héritier de l’esprit de Cornelia Connelly, fondatrice de la Congrégation du Saint Enfant Jésus, ne disent rien d’autre d’ailleurs. « Prendre les gens comme ils sont », peut-on lire sur le site du collège. « Ce n’est pas la couleur des cheveux qui reflète la personnalité de l’élève, rétorque la direction. C’est l’élève en tant que personne qui nous intéresse. »
Chez les parents, la mesure divise. Cette mère « trouve cela complètement absurde ». « « Clairement, le style capillaire, en l’occurrence une teinture, ne relève pas de l’autorité scolaire », s’agace-t-elle. Farid, père d’un élève de 6e, lui, approuve : « Ils ont raison, cela ne fait pas très propre. Les enfants sont là pour étudier. Si on tolère tout, on n’a pas fini. »
Ce lundi soir, la direction n’avait reçu aucune réclamation de parents.
Le Parisien