Ils ont massivement participé au mouvement de contestation qui a secoué début mars le Sénégal, une manière aussi d’exprimer leur inquiétude face un avenir incertain.
Le Sénégal a été, début mars, le théâtre de scènes d’affrontements et de pillages. Ces violences ont éclaté après l’arrestation de l’opposant Ousmane Sonko, sérieux candidat pour la présidentielle de 2024.
Certes, les manifestants qui ont envahi les rues de Dakar réclamaient la libération du député d’opposition, mais d’autres revendications se sont fait jour chez les étudiants, qui ont demandé une amélioration de leurs conditions de vie et d’études. Depuis un an, la pandémie de coronavirus a fait disparaître la plupart des petits emplois étudiants, nourrissant la précarité et l’exaspération.
Frustration accumulée
Fermées pendant six mois pour cause de coronavirus, les universités ont rouvert en septembre 2020, mais les retards accumulés n’ont généralement pas pu être résorbés. Les professeurs malades, ou qui exerce leur droit de retrait, ne sont pas remplacés.
Alors que la qualité des universités sénégalaises a longtemps été un modèle en Afrique de l’Ouest, de Dakar à Saint-Louis (Nord) et Ziguinchor (Sud), les amphis sont aujourd’hui bondés et les logements universitaires surpeuplés.
Au Sénégal comme ailleurs en Afrique de l’Ouest le nombre d’inscrits à l’université augmente plus vite que le nombre de places. Les universités africaines, pas assez nombreuses, sont surpeuplées et mal équipées. De plus, elles sont davantage orientées vers le droit et les sciences sociales que vers les sciences et les techniques, d’où un manque de débouchés professionnels.
Fuite des cerveaux
Quelque 320 000 jeunes décrochent chaque année leur diplôme dans le pays du président-poète Léopold Sédar Senghor. Mais seul un tiers trouve ensuite du travail, d’où le profond malaise de la jeunesse, dont les familles ont souvent fait d’importants sacrifices pour leur permettre de faire des études.
Cela explique la fuite des cerveaux qui coûte aux pays africains un bon tiers de leurs diplômés. C’est toute cette frustration accumulée qui a débordé lors des journées de mars.
Le principal défi aujourd’hui est de fournir un travail aux jeunes générations chaque année plus nombreuses sur le continent. Actuellement, on est très loin de créer les 22 millions d’emplois nécessaires, un chiffre appelé à augmenter.