Contrôles renforcés aux frontières, expulsions facilitées : les autorités allemandes doivent décider ce mercredi 10 mai d’un durcissement des règles en matière d’immigration, dans un contexte de progression de l’extrême droite.
Le chancelier allemand et les dirigeants des seize États-région du pays se réunissent dans l’après-midi pour une séance de négociations susceptible de durer de nombreuses heures.
Forte hausse des demandes d’asile
De premières pistes ont d’ores et déjà fuité dans la presse et montrent la préoccupation du gouvernement et des régions devant la hausse des arrivées en provenance de l’étranger. Sur les quatre premiers mois de l’année, quelque 101.981 demandes d’asile ont été déposées en Allemagne, soit une hausse de 78% par rapport à la même période en 2022.
Gouvernement fédéral et régions pourraient décider la mise en place de contrôles permanents aux frontières avec les pays voisins et une aide au renfort des contrôles aux frontières extérieures de l’UE.
Les expulsions devraient elles aussi être facilitées par la mise en place de «centres d’arrivée» des réfugiés où leur demande serait traitée, selon une piste de discussion évoquée par le quotidien populaire Bild. La durée des gardes à vous en cas de violation des interdictions d’entrée ou de séjour pourrait être allongée.
Accélérer les procédures
Ce durcissement annoncé intervient dans un contexte de hausse de l’extrême droite, en particulier en ex-RDA. Le parti Alternative pour l’Allemagne (AfD) est ainsi crédité d’environ 15% des intentions de vote dans les sondages, contre 10,3% obtenus lors des dernières élections générales en 2021.
L’Allemagne est devenue ces derniers jours le pays de l’Union européenne accueillant le plus d’Ukrainiens, avec plus d’un million de réfugiés. Leur accueil a eu des répercussions sur les logements et les places disponibles dans le système éducatif, font valoir les régions et municipalités, qui réclament une aide de l’État fédéral.
Les Länder veulent ainsi revenir à l’ancien système de paiement forfaitaire par l’État fédéral, qu’ils veulent de surcroît voir porter à 1000 euros par mois par réfugié.
Ils souhaitent aussi la prise en charge à 100% – contre 75% actuellement – de l’hébergement des réfugiés. Mais le gouvernement de Olaf Scholz, qui a d’ores et déjà indiqué qu’il verserait 15,3 milliards d’euros cette année pour l’accueil des réfugiés, rechigne à remettre la main à la poche.
L’État promet toutefois d’accélérer les procédures de demande d’asile, qui durent actuellement en moyenne 26 mois, grâce notamment à une numérisation améliorée.